Allemagne : Loyers et coût de la vie exorbitants, pénurie de garde d’enfants, mentalité… Les expatriés quittent le pays en nombre
De nombreux expatriés quittent l’Allemagne, poussés à partir par des loyers qui flambent, des diplômes pas toujours reconnus et une ambiance de travail souvent hostile, témoignages.
“Le fait que nous quittions l’Allemagne me rend triste” – Des loyers qui sont inabordables. Des formations qui ne sont pas reconnues. Des collègues que l’on ne peut pas satisfaire. Des fonctionnaires qui ne parlent que l’allemand. Trop de bureaucratie dans le système scolaire. Les professionnels internationaux expliquent pourquoi ils quittent l’Allemagne – ou pourquoi ils se sentent généralement découragés.
Irene Calle Rosa est une assistante sociale de 34 ans qui s’est installée à Munich avec sa famille. Originaire d’Espagne, elle n’a pas pu faire reconnaître entièrement son master obtenu au Danemark et en Finlande et a donc suivi une formation complémentaire dans une université allemande ainsi qu’un cours de langue. Il lui faudrait maintenant faire un stage à temps plein, mais elle a besoin pour cela d’une solution de garde pour ses deux enfants.

Comme je n’ai pas de travail, je suis en bas de la liste d’attente. Mais comment puis-je trouver un emploi sans garde d’enfants ? Sans parler de l’argent : mon salaire de stagiaire suffirait à peine à payer une nounou.”
Et sans compter les loyers élevés. La famille a donc décidé de partir s’installer à Las Palmas.
Deux personnes sur quatre considèrent le marché de la location comme un problème.
Alors qu’il manque 700.000 logements et que les loyers sont devenus exorbitants, le pays héberge et nourrit 3,3 millions de “réfugiés”, et de nouveaux demandeurs de soins sont toujours les bienvenus.
María Emilia Rebollo Zanazzi est une nomade numérique originaire d’Argentine. Elle a vécu plusieurs mois à Berlin en 2017, mais elle ne pourrait justement plus le faire aujourd’hui en raison de la hausse des loyers. “Nous ne pouvons pas nous permettre de travailler en Allemagne”, confie-t-elle.
Le choc culturel
Juventino Sanchez, lui, est arrivé en Allemagne en 2021 et a décidé de mettre fin à son contrat plus tôt que prévu et de rentrer au Mexique. Au-delà des difficultés à obtenir un permis de conduire allemand (alors qu’il est titulaire d’un permis mexicain), il se plaint surtout de l’ambiance au travail et de la froideur de ses collègues :
Je ne pouvais tout simplement pas supporter la mentalité de mes collègues. J’avais l’impression de ne rien pouvoir faire pour leur plaire, et j’ai trouvé que la façon dont on me parlait était très impolie. Une collègue était plus sympathique, mais quand j’ai voulu l’inviter à un barbecue, elle m’a dit que ce serait difficile de trouver le temps, elle avait déjà tellement de rendez-vous privés, peut-être dans deux mois. La soirée n’a jamais eu lieu.”
Il a suivi une formation interculturelle qui l’a aidé à mieux comprendre ces différences, mais c’était déjà trop tard et son départ était organisé. Il rentre donc au Mexique, son pays, où “la vie [lui] semble plus heureuse et plus insouciante, même si bien sûr nous avons aussi beaucoup de problèmes, par exemple avec la criminalité”.
Pour Ralf Alcaras, infirmier philippin arrivé en Allemagne en 2016, “la langue et la culture ont été un choc”. Alors qu’il ne maîtrisait pas encore le vocabulaire médical, notamment, il n’a pu bénéficier d’aucun temps d’adaptation, contrairement au Texas, où il vit désormais et où il a pu profiter d’une période de formation encadrée de trois mois.