Amérique : Des chercheurs en biologie veulent remplacer les termes « mère et père » par « producteur d’œufs et de sperme », pour une terminologie plus inclusive
On ne dit pas « père » ou « mère », mais « producteur d’œufs »… Un exemple du confondant glossaire pondu par des chercheurs en biologie et en écologie.
Figurez-vous que « la science occidentale est enracinée dans le colonialisme, le suprémacisme blanc et le patriarcat » et que ces « structures de pouvoir imprègnent toujours aujourd’hui notre culture scientifique ». C’est du moins l’avis d’une quinzaine de chercheurs en biologie et en écologie, tel qu’ils l’exposent dans un article publié le 6 février dans la très sérieuse (et réputée) revue Trends in Ecology and Evolution. Une publication qui, comme son nom l’indique, s’occupe de dresser les toutes dernières tendances en écologie et en biologie, le nec plus ultra de la modernité dans des disciplines d’une importance majeure pour comprendre notre planète, ses habitants et les défis auxquels ils sont si urgemment confrontés.
En d’autres termes, pas de la petite bière ni une énième feuille de chou en « études » intersectionnelles dont notre monde académique, avec son goût prononcé pour l’inflation langagière et les diplômes qui ne servent plus à grand-chose à part à former les bureaucrates chargés de leur inventer des débouchés professionnels, est de plus en plus friand.

Ces chercheurs américains et canadiens, affiliés à des établissements aussi prestigieux que Princeton, Harvard, Berkeley ou Rutgers, nous alertent donc sur l’histoire pas jojo de leurs chères disciplines et nous présentent le moyen « crucial » qu’ils ont trouvé pour l’expurger de ses heures les plus sombres et ainsi rendre l’écologie et la biologie « plus inclusives pour les communautés marginalisées ». Trêve de suspense, que nous proposent nos très gros cerveaux ? Rien de moins qu’une refonte de la « terminologie scientifique ».
Exit les mots « homme » et « femme »
Sur le site dédié à leur « projet langage », nous sommes face à la liste des vingt-quatre (à date) termes les plus nocifs du vocabulaire scientifique, à réviser fissa selon les nouvelles normes de leur si bienveillant glossaire. Exit ainsi les mots « homme » et « femme », jugés bien trop « anthropomorphiques » et injustement « biaisés » en faveur des « traits masculins ». On leur préférera « mâle », « femelle » ou le si égalisant « humain ». Pour autant, gare à vous si vous employez « hermaphrodite », ce vilain « terme insultant utilisé pour nuire aux individus trans ou intersexes ». Optez plutôt pour « monoèce » ou « bi-gamétique ».
Et la difficulté se renforce d’autant plus à la douzième ligne de ce tableau des mots « nuisibles », vu que les mots « mâle » et « femelle » y sont eux-mêmes consignés comme renforçant « des notions socialement imposées sur la binarité du sexe, visant à donner la primauté aux perspectives cis et hétéronormatives ». Idem pour « père » et « mère », qui « perpétuent une perspective hétéronormative et cisnormative non-universelle sur la parentalité et le processus de naissance ». À la place, on emploiera « parent », « producteur d’œufs » ou « producteur de sperme ».
Vous n’y comprenez plus rien ? Normal, il y a de grandes chances que vous ne soyez pas passé par Princeton et que vous n’ayez donc pas été sensibilisé au caractère proprement fasciste de la logique et de son principe de non-contradiction. D’ailleurs, si vous avez encore la naïveté de croire que la méthode scientifique est un langage universel accessible à tous sans distinction d’origine géographique, ethnique ou culturelle, repentez-vous, car une autre brillante idée de nos génies consiste à revenir sur l’anglais comme lingua franca des chercheurs. Ce serait évidemment ballot que tout ce beau monde puisse à peu près se comprendre de la même façon, et ainsi œuvrer à des recherches utiles à tous.