Angers (49) : Relaxe pour les militants nationalistes en « état de nécessité » face aux attaques des émeutiers et des antifas

Poursuivis pour des violences en marge des émeutes, des militants d’extrême droite relaxés à Angers. Des membres de L’Alvarium, un groupuscule identitaire dissous, étaient jugés pour participation à « un groupement en vue de préparer des violences » lors des émeutes de juin et juillet. Le tribunal a estimé qu’ils étaient en « état de nécessité ». Seul l’un d’eux a été condamné à trois mois de prison avec sursis.

Les quatre militants d’extrême droite ont tous comparu libres, sagement alignés en jean et chemises claires, chacun se distinguant par sa touche capillaire. Coupe de premier communiant pour Jean-Eudes Ganat., traiteur, le plus âgé avec ses 28 ans. Cheveux rasés sur les tempes, frange sur le côté et fine moustache pour Côme J. de P., 23 ans et ramoneur dans le civil. Cheveux longs et barbe à la Jésus-Christ chez Théodore R., 23 ans, concepteur d’applications, déjà condamné en 2020 pour des faits similaires et le port d’une matraque télescopique. Enfin, coupe de chanteur de variétés et barbe de trois jours pour Gaspard B., étudiant en droit, c’est le plus jeune de la bande puisqu’il a 20 ans. Ce sont des jeunes gens insérés socialement. Jean-Eudes Ganat, qui a candidaté sans succès à plusieurs reprises à des élections sous l’étiquette Rassemblement national ou en indépendant, est père de trois enfants dont le dernier est né pendant sa garde à vue.

Parmi les quatre avocats, l’un a plaidé la « légitime défense », l’autre la « dissuasion », un troisième a tempêté contre l’article 222-14-2, « une résurgence de la loi anticasseurs » des années 1970. Deux avocats, Mes Pierre-Marie Bonneau et Alain Belot, ont invoqué « l’état de nécessité » qu’aurait causé l’attaque des antifascistes. C’est l’argument que le tribunal a retenu pour justifier la relaxe, estimant que l’agression subie n’avait pas entraîné une agression supérieure « à ce qui était nécessaire ».

Sous la présidence amusée mais attentive et parfois pédagogique de Guillaume Bocobza-Berlaud, les débats sont sortis régulièrement du cadre fixé. Qui a attaqué qui le premier ? Les prévenus ont tous assuré qu’ils ne savaient pas qu’il y avait un appel à manifester contre le local du RED le 30 juin. Ils s’y seraient retrouvés par habitude, pour se protéger de l’insécurité ambiante. Mais alors, pourquoi amasser des objets contondants ? Les débats se sont enlisés. Côme J. de P., qui souffre d’un bégaiement léger, a bafouillé de plus en en plus à mesure que le président soulignait ses contradictions. Chacun s’est présenté comme une victime de la rage antifasciste, qui empêcherait les militants identitaires de se promener sans danger dans Angers.

« On ne se défend pas en attaquant »

Après une suspension destinée à télécharger des vidéos de télésurveillance, les prévenus ont changé d’attitude, assumant d’être venus rue du Cornet au local du RED pour défendre leur « refuge ».

Les images ont permis de voir les militants de l’ex-L’Alvarium guetter l’arrivée de manifestants hostiles puis, à leur vue, sortir en force pour les repousser hors de la rue du Cornet. S’est ensuivi un ballet d’avancées et de reculs de chaque camp, avec un bref épisode où un antifasciste, venu foncer dans le tas, s’est retrouvé isolé et s’est fait frapper au visage puis au sol à coups de pied par Côme J. de P.

La procureure Béatrice Nectoux a insisté sur le moment où les militants de l’ex-L’Alvarium sortent ensemble du local : « C’est là que se forme le groupement en vue de commettre des violences. » Elle a balayé l’argument de la « légitime défense » brandi par la défense. « On ne se défend pas en attaquant. » Et a ajouté : « Frapper un homme au sol, c’est de la vengeance ! » Elle a désigné Jean-Eudes G. comme le « leader » et réclamé un an de prison, dont six mois avec sursis à l’encontre de Côme J. de P., huit mois dont quatre avec sursis contre Théodore R., la même peine pour Jean-Eudes G. et enfin six mois avec sursis pour Gaspard B. Pour tous, elle a réclamé une interdiction de paraître à Angers pendant deux ans.

Le Monde