Antiracisme : Les étonnantes prises de position du nouveau patron de la Dilcrah
Lorsqu’il était maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein n’hésitait pas à s’afficher auprès de religieux et militants résolument engagés contre la laïcité. Sa nomination suscite des questions.
L’ex-ministre Olivier Klein a été recasé fin juillet à la tête de la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah). Un poste stratégique, placé sous l’autorité directe de la Première ministre. L’ancien maire de Clichy-sous-Bois est désormais chargé d’orienter, de gérer et d’appliquer la politique du gouvernement en matière de lutte contre les discriminations. Mais les bruyantes prises de position du nouveau délégué interrogent sur la cohérence politique du gouvernement sur ces questions…
L’élu s’est en effet régulièrement affiché aux côtés de réseaux de religieux et de militants décoloniaux, tous résolument engagés contre la laïcité. « C’est sans doute plus le résultat d’une désinvolture générale que d’un changement de ligne délibéré », philosophe un haut fonctionnaire, bon connaisseur de ces milieux. Pourtant, les positions défendues par Olivier Klein sur ces sujets sont à mille lieues de la ligne laïque et universaliste (à nouveau) défendue par le gouvernement.”
270.000 euros à une mosquée
Lorsqu’il était maire de Clichy-sous-Bois, Olivier Klein s’est publiquement impliqué pour aider des associations religieuses musulmanes à obtenir des locaux. En 2018, il a accordé une subvention de 270 000 euros à la construction de la mosquée Bilal, ce que permet la loi au titre de l’activité culturelle. « Pour moi, la laïcité doit permettre à chacun de vivre son culte dans de bonnes conditions, justifie-t-il auprès du Point. Cette subvention a été votée par le conseil municipal et soumise à un contrôle de légalité. Ce n’est pas le seul lieu de culte à en bénéficier, l’église de Clichy-sous-Bois a reçu plusieurs millions d’euros pour sa rénovation. »
Olivier Klein n’a par ailleurs jamais manqué de relayer le discours victimaire diffusé par de nombreuses associations issues de la mouvance frériste. Ainsi l’UAM93, une fédération d’associations musulmanes locales, saluait-elle la présence d’Olivier Klein à la « manifestation contre l’islamophobie » du 10 novembre 2019, alliance improbable de militants de l’islam politique notoires et de responsables politiques d’extrême gauche (les premiers cherchant à faire avancer leur agenda religieux, les seconds leur agenda électoral). « L’UAM93 est une association locale, tout le monde travaillait avec elle en Seine-Saint-Denis », se défend Olivier Klein.
L’élu fut l’un des rares socialistes à participer à cette manifestation « contre l’islamophobie » organisée à l’appel de Madjid Messaoudene (alors élu de Saint-Denis et militant indigéniste), le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le Comité Adama, le Collectif contre l’islamophobie en France (proche des Frères musulmans, dissous depuis), l’Union nationale des étudiants de France (Unef) et le militant (La France insoumise) Taha Bouhafs. « Je n’ai pas demandé la permission pour venir, mais tout ce que je sais, c’est que, si on n’est pas à côté de nos concitoyens de confession musulmane aujourd’hui, on se trompe », déclarait alors, lyrique, celui qui vient de prendre la tête de la Dilcrah. Auprès du Point, il assure désormais « avoir quitté très tôt » le cortège, après avoir vu qui « y participait ». Le temps de quelques selfies avec les manifestants… Dénonce-t-il toujours « l’islamophobie » ? « Je préfère le terme d’actes anti-musulmans », répond l’ancien maire de Clichy-sous-Bois.
On relève aussi une proximité avérée d’Olivier Klein, homme de gauche, avec des organisations nationalistes et islamistes turques. Aussi l’a-t-on aperçu à des événements religieux (rupture du jeûne lors du ramadan), conjointement organisés par le Ditib (ministère turc des Affaires religieuses pour l’étranger) et l’UID (ex-UETD), une structure de coopération communautaire qui n’avait pas hésité, comme Le Point l’avait raconté à l’époque, à jouer aux agents électoraux, aux agents de renseignements et aux hommes de main du président turc sur le sol français lors de sa grande purge anti-guléniste en 2016. S’assiérait-il de nouveau à leur table en tant que patron de la Dilcrah ? « Mes nouvelles responsabilités appellent à une autre forme de neutralité », indique-t-il, conscient que son rôle l’oblige à revoir ses positions.