« Ballons espions » au-dessus du sol français : Le grand flou

Après la crise sino-américaine déclenchée par le survol de ballons dits « espions » au-dessus des Etats-Unis, qu’en est-il de l’espace aérien français et de la présence potentielle de ces outils d’espionnage ?

C’est un incident qui électrise responsables américains et chinois : le 4 février dernier, un ballon qualifié d’« espion » par le Pentagone a été abattu par un avion de l’US air force après avoir survolé le territoire américain.

Depuis, Washington et Pékin se livrent à une véritable bataille diplomatique par déclarations interposées, les premiers affirmant que Pékin a « violé la souveraineté de plus de 40 pays » avec son « programme de ballons espions », les seconds que des ballons américains ont pénétré son espace « plus de 10 fois » depuis début 2022.

En France, pas de moyens dédiés à leur observation

Mais qu’en est-il en France ? Contactée, l’armée de l’Air française n’est pas très à l’aise. Primo parce que c’est une institution qui n’a pas pour habitude de communiquer et secundo parce que le dispositif radar hexagonale voit tout… sur une tranche de 0 à 20 kilomètres d’altitude. Au-delà, c’est plus compliqué.

« Si on observe quelque chose au-dessus des 20 km, ce serait de manière opportune car, actuellement, nous n’avons pas de moyens dédiés à l’observation permanente de cette zone supérieure » confie Béatrice Hainaut, capitaine de l’armée de l’Air et de l’Espace, chercheuse à l’Irsem.

Or les ballons « espions » peuvent voler à 40 km d’altitude. En d’autres mots, l’armée n’est pas en capacité d’assurer formellement l’absence ou non de ballon espion au-dessus de la tête des Français. Une information confirmée par plusieurs responsables militaires.

Des ballons venus de l’Ouest

Xavier Tytelman, consultant aéronautique et défense pour Air & Cosmos, tempère toutefois, « pour qu’un ballon arrive jusqu’à nous, il faudrait qu’il vienne de l’Atlantique » pour la simple et bonne raison que ces appareils très peu maniables sont portés par les vents dominants… « qui poussent vers l’Est ».

Seuls le Royaume-Uni ou nos lointains voisins américains pourraient techniquement, depuis leur sol, déployer un engin qui puisse atteindre le territoire français.

De source interne, à l’armée de l’Air et de l’Espace, cette situation préoccupe. Une nouvelle stratégie pour « l’espace aérien supérieur » est en cours d’élaboration et devrait être livrée « d’ici à cet été ». Nul doute que les évènements récents outre-Atlantique risquent d’accélérer et d’alimenter cette réflexion.

Est Républicain