Belgique : “Les musulmans sont des singes bruns venus du désert”, des “pommes pourries racistes” au sein du corps de sécurité d’Anvers

Racisme et harcèlement sont reprochés à 29 policiers et membres du SPF Justice. C’était un groupe WhatsApp particulièrement nauséabond. Initialement, il avait été créé par les membres du service GEOV (Cour de justice et transferts) qui regroupait des policiers et des membres du corps de sécurité du SPF Justice pour pouvoir coordonner les transferts de détenus entre les prisons et le palais de justice d’Anvers.

Mais rapidement, les échanges ont dérapé dans des propos racistes, des insultes et des faits de harcèlement, si bien que lundi, 29 membres de ce groupe – (ex-) policiers ou membres du corps de sécurité – devaient répondre devant le tribunal correctionnel d’Anvers de harcèlement et, pour une petite moitié, d’incitation à la haine raciale.

Ce groupe WhatsApp avait été créé en août 2014. Des commentaires racistes sont apparus dans les messages. Les musulmans étaient qualifiés de “singes bruns”, “venus du désert”. Un collègue porteur d’un pacemaker s’est fait ridiculiser et conseiller de travailler dans un “atelier protégé”. Il était dit d’une personne moins-valide qu’elle avait dû être engagée sur le “quota handicapé”. Des photos d’un collègue atteint d’une crise d’épilepsie ont été partagées et moquées.

Les faits de harcèlement se sont répétés. Ils ont lourdement pesé sur ceux qui en étaient l’objet. L’un d’eux a tenté de se suicider à deux reprises. D’autres sont toujours en traitement pour stress post-traumatique.

Cinq membres de cette équipe en ont eu assez. En septembre 2016, ils ont envoyé une lettre à leur hiérarchie. Une enquête a été diligentée au sein des services de contrôle interne de la police d’Anvers. Ce n’est toutefois qu’en mars 2017, après que l’affaire sortit dans la presse, qu’une information judiciaire fut ouverte. Après la constitution de partie civile de l’aile flamande de la Ligue des droits de l’homme, le dossier fut mis à l’instruction. Le Comité P a également étudié le dossier.

Un total de 280 pages d’échange

Le dossier repose sur les 280 pages d’échanges WhatsApp et sur les déclarations des victimes. “Les conversations étaient d’un niveau très bas, a relevé lundi le procureur devant le tribunal correctionnel. Elles reflétaient ce qui se passait au travail car les faits de harcèlement et le racisme se produisaient aussi au-dehors du groupe WhatsApp.

Dans son réquisitoire sur la peine, le procureur a tenu compte de l’implication de chacun des prévenus. Il a été plus sévère pour ceux qui doivent aussi répondre d’incitation à la haine raciale. Le procureur voit, parmi les 29 prévenus, deux instigateurs. Il a requis contre eux un an de prison, dont la moitié avec sursis ainsi que 600 euros d’amende. Pour les autres prévenus, il a demandé des peines de 6 ou de 12 mois de prison, avec sursis ainsi que des amendes de 600 euros, avec ou sans sursis.

La Ligue des droits de l’homme et cinq personnes sont parties civiles. Une de ces victimes a réclamé 200 000 euros, à titre de dommages et intérêts. Particulièrement marquée, elle a pris sa pension anticipée et se plaint d’un important manque à gagner. Une autre victime a tenu à lire un texte, dans laquelle elle désigne les deux meneurs. “Je les considère comme des pommes pourries. Elles ont fait en sorte que l’ambiance soit et reste mauvaise au sein du service. Elles ont entraîné d’autres collègues.”

Les défenses s’exprimeront les 6 et 8 mars. La plupart des prévenus ont minimisé les propos tenus sur le groupe WhatsApp, affirmant que c’étaient des plaisanteries. Certains des prévenus plaideront l’acquittement.

La Libre