Bezons (95) : L’ex-dealer au chômage misait plus d’un million d’euros au poker pour blanchir l’argent de la drogue
L’homme et sa compagne, repérés par Tracfin, ne payaient pas d’impôts mais avaient un niveau de vie très élevé. La police a découvert que cet ancien trafiquant de drogue dépensait de l’argent mal acquis. Le couple est convoqué devant la justice pour blanchiment et fraude fiscale.
Fin de parcours pour l’ex-dealer et sa compagne un peu trop riches. Ce couple qui croyait pouvoir jouir tranquillement d’un trésor acquis en se livrant au trafic de stupéfiants vient de tomber pour blanchiment et fraude fiscale. Cet homme et cette femme, âgés de 32 et 39 ans, ont été interpellés, mardi 19 septembre à Bezons (Val-d’Oise) par les enquêteurs du groupe économique et financier du service départemental de police judiciaire des Hauts-de-Seine.

Le couple repéré par les policiers vivait bien, payant tout en liquide, alors que leurs comptes en banque n’étaient alimentés que par des aides sociales
L’enquête commence en 2022 quand Tracfin, le gendarme des transactions bancaires, signale au parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine), le comportement anormal de ce couple. Cet homme barbu de forte corpulence et sa compagne aux cheveux bruns ne travaillent pas et ne payent aucun impôt. Mais ils voyagent. À l’été 2021, ils visitent les Émirats arabes unis et la Turquie.”
Les fonctionnaires mettent le suspect sous surveillance et sondent ses dépenses de plus près. Ils découvrent que ce joueur invétéré passe souvent ses nuits devant les tables de poker. Il fréquente trois clubs de jeux parisiens de manière régulière. « Entre janvier 2021 et septembre 2022, il a misé plus d’1,2 million d’euros sur les tapis verts, précise une source proche de l’affaire. Et ses pertes s’élèvent à près de 300 000 euros. »
Des vêtements et produits de luxe saisis lors des perquisitions
Mais où ce chômeur vivant dans cette commune de la banlieue nord trouve-t-il tout cet argent pour jouer aux cartes ? Les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) ont une petite idée. En 2012, il a été condamné pour une affaire de trafic de stupéfiants. Et en 2016, il a replongé pour des faits d’associations de malfaiteurs et acquisition d’armes de guerre. Deux histoires qui auraient pu lui rapporter de fortes sommes d’argent.
Les agents du groupe interministériel de recherche (GIR 92) viennent épauler leurs collègues et passent toutes les dépenses des suspects au peigne fin. Durant un peu plus d’un an, le couple se livre à des opérations atypiques sur ses comptes bancaires. Il ne paye aucun loyer et dépense beaucoup plus d’argent que des gens qui vivent des aides sociales.
Il est 6 heures du matin mardi quand les forces de l’ordre investissent cet appartement neuf, situé sur le mail Martin-Luther-King. Au cours des perquisitions, les forces de l’ordre mettent la main sur trois cabas pleins de vêtements de luxe pour une valeur estimée à 9 000 euros. Ils découvrent diverses factures réglées en liquide pour de l’ameublement, des produits de luxe, et des appareils multimédias. Le tout pour la coquette somme de 38 000 euros.
Il avoue qu’une partie de l’argent provient du trafic de drogue
L’ex-trafiquant et sa compagne sont placés en garde à vue à Nanterre. Le trentenaire commence par se taire puis reconnaît a minima qu’une partie de son argent provient de ses anciennes activités de trafiquant de drogue. Sa compagne reconnaît avoir profité des largesses de sa moitié. Elle a reçu des cadeaux : des bijoux de luxe, des accessoires et des vêtements de grandes marques. Elle soutient qu’elle pensait que l’argent liquide de son compagnon provenait des gains de ses parties de cartes.
Le duo a été remis en liberté à l’issue de sa garde à vue avec une convocation pour le mois de décembre devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour blanchiment et fraude fiscale.