BlaBlaCar et Leboncoin : Une étude révèle des discriminations en raison du genre et de l’origine sur les deux plateformes collaboratives

Vendredi 3 mars, le Défenseur des droits a publié les résultats d’une étude inédite – passée quasi inaperçue – concernant deux plateformes collaboratives dont l’objectif était de mesurer l’exposition aux discriminations en raison du genre et de l’origine supposée des utilisateurs. Confiée à des chercheurs du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP), elle révèle des discriminations entre particuliers utilisateurs de BlaBlaCar et Leboncoin.

L’étude, qui s’intéresse à la fois aux discriminations produites côté offre (ici les vendeurs et conducteurs) et à celles produites côté demande (ici les acheteurs et passagers), repose sur « une méthodologie originale en combinant pour la première fois deux approches complémentaires » : l’observation par la récolte automatique des données réalisée sur les plateformes (scraping) et l’expérimentation à partir de profils fictifs (testing)

Sur BlaBlaCar, les chercheurs constatent que « les conducteurs ayant un prénom à consonance maghrébine ou africaine accueillent moins de passagers dans leur véhicule et touchent un revenu plus faible de 15 % en moyenne par voyage, par rapport aux autres conducteurs pour des trajets équivalents », explique le Défenseur des droits.

Dans le testing, « les profils fictifs de passagers d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible (d’environ 4 points de pourcentage) de recevoir une réponse lorsqu’ils font une demande d’information auprès d’un conducteur. Une différence selon le genre est également constatée : les profils de conductrices ont une probabilité plus élevée de recevoir des messages (+0,6 messages) et des réservations (+0,7 réservations) que les conducteurs », ajoute l’autorité publique.

Sensibiliser les particuliers à l’interdiction des discriminations

Sur Leboncoin, « l’étude observe une plus faible sollicitation et un temps de réalisation de transaction plus long pour des vendeurs d’origine minoritaire, même si de fortes disparités ont été relevées selon les biens proposés. Dans le cadre du testing, les profils d’acheteurs d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible de recevoir une réponse de la part des vendeurs réels que les acheteurs majoritaires (-17 %), quelle que soit la catégorie de biens », poursuit le Défenseur des droits.

Il précise que « cette étude, qui montre que les discriminations ne disparaissent pas dans le monde numérique, a été présentée aux équipes de BlaBlaCar et Leboncoin. Celles-ci souhaitent aujourd’hui poursuivre les recherches, collaborer avec notre institution et renforcer la prévention des discriminations ». Et de rappeler aux acteurs de l’économie collaborative la nécessité de « sensibiliser davantage les utilisateurs des plateformes pour rappeler l’interdiction des discriminations »« rappeler et améliorer les voies de signalement des sites en cas de discrimination » et de « promouvoir l’utilisation de procédures mises en place par les plateformes qui peuvent contribuer à limiter les discriminations ». De bonnes intentions qui demanderont à être concrétisées.

Défenseur des droits