Bordeaux (33) : « Prends ta guenon et barre-toi », 3 mois de prison et stage de lutte contre la discrimination
Un trentenaire qui ne s’était pas entendu sur le prix lors d’une vente de voiture serait mis à insulter régulièrement son voisin et à pousser des cris de singes en l’apercevant
Ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur le prix de vente d’une voiture en janvier 2022. À partir de ce moment, les relations entre deux voisins de Blanquefort se sont dégradées. Au point que l’un assure que l’autre, non content d’avoir embouti sa voiture, l’a régulièrement traité de singe ou de primitif, poussant même des cris en sa présence et lançant depuis son balcon, au sujet de sa fillette, un « prends ta guenon et barre-toi », entendu à la ronde.

Les faits valaient à un trentenaire de comparaître, ce vendredi 15 septembre, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, pour injure raciste et harcèlement moral. À chaque fois, son voisin, absent à l’audience, se serait abstenu de réagir, préférant accélérer le pas ou ignorer le prévenu.
En aucun cas je ne suis raciste, j’ai des amis sénégalais et marocains », explique le prévenu, bras croisés devant la barre. « Pour moi, personnellement et ça reste mon avis, il y a des faits vrais, mais une grosse partie, non. » Il reconnaît ainsi avoir embouti la voiture à vendre « en manœuvrant trop tôt », mais pas les insultes.
Faits répétés
« Les faits sont infâmes, violents et odieux », résume Me Paul Cesso pour la partie civile. L’avocat souligne la descente aux enfers vécue par son client, insiste sur le fait qu’en « cherchant à comprendre, sa fille est entrée un peu trop tôt dans la vie adulte ». Et d’ajouter : « Ce n’est pas un coup de sang de la part du prévenu, les faits sont répétés. »
« Et corroborés par la déclaration de voisins », renchérit le substitut du procureur Geoffroy Gerode, qui requiert cinq mois de prison avec sursis et un stage de lutte contre les discriminations. « Je comprends que ce qui est dans le dossier peut choquer, admet Me Nadine Pla pour la défense. Encore faut-il qu’il ait prononcé ces mots. Car ces accusations sont surréalistes et confirmées par un seul voisin, tant l’enquête de voisinage a été restreinte. » Elle plaide la relaxe.
Relaxé pour le harcèlement moral, le prévenu a été déclaré coupable d’injures à caractère raciste et condamné à trois mois de prison avec sursis et à un stage de lutte contre la discrimination.