Chambéry (73) : Une Guadeloupéenne en prison pour le vol et le viol de son époux, elle le menaçait de dénoncer sa situation de clandestin pour qu’il soit « renvoyé en Afrique »

Le placement en détention d’une Guadeloupéenne de 28 ans pour viol, violences et menaces de mort sur son conjoint, a été confirmé, jeudi 23 mars, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel. Une situation rarissime. L’épouse nie avoir contraint son mari à des rapports sexuels en le menaçant de le faire expulser de France.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel a confirmé le placement en détention d’une Guadeloupéenne de 28 ans mise en examen, le 11 mars à Chambéry, pour viol sur son conjoint. Une incrimination rare, dont elle se déclare innocente, accompagnée d’autres pour des violences diverses et des menaces de mort, toujours sur l’homme avec lequel elle est mariée depuis octobre 2016. Le couple n’a pas d’enfant.

Son passage devant le juge d’instruction, saisi de l’enquête par le procureur de la République après sa garde à vue, avait été suivi d’une incarcération en détention provisoire dont l’appel était examiné, jeudi 23 mars, par la chambre de l’instruction.

D’après les éléments du dossier, cette femme aurait contraint son mari à avoir des rapports sexuels avec elle, en le menaçant de dénoncer sa situation de clandestin à la préfecture pour qu’il soit « renvoyé en Afrique ». En guise de preuve, le mari a fourni deux vidéos enregistrées en douce attestant du chantage.

C’est le 9 mars que la femme a été interpellée par la police, appelée rue du Mâconnais, à Chambéry, par un voisin du couple chez qui le mari s’était réfugié car elle l’aurait poursuivi avec un couteau après lui avoir hurlé dessus. Habituée à se faire remettre l’intégralité de l’argent gagné par l’homme dans ses multiples emplois, elle n’aurait reçu ce jour-là « que » 50 euros, ce qui aurait déclenché sa colère.

« Il a peur et, peut-être, légitimement peur »

Examiné par un médecin, le mari s’est dit victime de violences physiques et verbales habituelles de la part de son épouse, plus forte que lui, sous la forme de gifles, de coups, de propos dégradants et discriminants. Le voisinage a été peu disert mais les disputes étaient connues. Pour donner une idée de l’ambiance, le voisin, chez qui le mari s’était réfugié, n’a pas voulu déposer plainte alors qu’elle l’avait frappé lui aussi.

« Le mari a peur et, peut-être, légitimement peur de cette femme si l’on se réfère à la crise d’hystérie à laquelle ont été confrontés les policiers lors de son arrestation », a souligné l’avocat général Richard Pallain, représentant le ministère public.

C’est la confirmation du placement en détention qui était requise de ce côté du prétoire, au regard, notamment, de l’expertise psychiatrique de l’épouse relevant chez elle « une structure de type paranoïaque ». Entrait en ligne de compte, surtout, le risque de pression et de renouvellement des faits.

Car, a ajouté l’avocat général, le mari a écrit pour retirer sa plainte en insistant sur le fait que sa femme était « une bonne personne ». « Dans n’importe quel autre dossier, on crierait à l’emprise. »

L’épouse n’a jamais eu affaire à la justice

En défense, Me Ahmed Randi souhaitait un placement de sa cliente en liberté sous contrôle judiciaire dans la mesure où la justice n’a jamais eu affaire à elle auparavant et au vu de son projet d’hébergement chez un membre de sa famille à plusieurs centaines de kilomètres de Chambéry. « Ma cliente maintient qu’il n’y a jamais eu de faits de viol et la vidéo ne prouve pas qu’il y ait eu, ensuite, une relation sexuelle. »

La défense a, aussi, mis en doute la situation irrégulière du mari. « Sinon, comment est-ce qu’il pourrait être titulaire d’un bail et travailler ? »

Me Randi a, enfin, indiqué que sa cliente n’avait pas été assistée par un avocat pendant sa garde à vue, non pas en raison de la carence mentionnée par les procès-verbaux, mais d’un dysfonctionnement de la passerelle de communication dédiée qui se serait déjà produit par ailleurs.

Après sa comparution devant la chambre de l’instruction où elle a gardé le silence, l’épouse a été ramenée au quartier des femmes de la maison d’arrêt de Bonneville.

Le Dauphiné