Covid-19 : Vers une dose chaque année pour les plus fragiles, le même schéma que pour la grippe pourrait être préconisé
La Haute autorité de Santé envisagerait la mise en place d’un rappel annuel du vaccin contre le Covid-19. Que faut-il en penser ? Qui est concerné ? Faisons le point avec le Dr Kierzek, directeur médical de Doctissimo.
Avec moins de 5.000 cas positifs fin janvier, les chiffres Covid ont rarement été aussi bas. Une situation rassurante, qui n’empêche pas la Haute Autorité de Santé (HAS) de réfléchir à une meilleure prévention. Depuis plus d’un an, elle envisage d’ailleurs la mise en place d’une “dose de rappel additionnelle”.
Une dose annuelle suivant le schéma de la grippe
Cette dose de rappel “annuel” suivra le même schéma que celui de la grippe. “À titre personnel, je pense qu’on ira sur une vaccination annuelle pour les populations à risques“, confie Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Étienne. En clair, cette dose concernait les plus de 60 ans, les jeunes adultes avec comorbidités, les femmes enceintes et les individus vivant aux côtés de personnes immunodéprimées ou vulnérables.
Si l’idée paraît pertinente, dans les faits, elle pourrait favoriser le risque de “fatigue vaccinale” des Français, déjà lassés des précédentes piqûres. Le ciblage de la vaccination prendrait donc ici tout son sens. Seuls les Français vraiment concernés tireraient un avantage de ce rappel.
“Si cette dose de rappel s’inscrit dans une balance bénéfices-risques intéressante, pourquoi pas. Néanmoins, seuls les plus fragiles devraient être concernés, comme c’est le cas pour la grippe“, indique le Dr Kierzek, avant d’ajouter “Il faut également se poser la question de la virulence réelle du virus. Si le coronavirus devient bénin chez les plus fragiles, les vacciner n’aurait pas de sens. Sur un plan de santé publique, il faut donc s’interroger sur la gravité réelle de la maladie“.
Vers un double vaccin ?
Autre piste envisagée par la Haute autorité de Santé : combiner les vaccins de la grippe et du Covid-19. Plusieurs laboratoires, dont Pfizer-BioNTech et Moderna, seraient déjà en train de travailler dessus. De tels produits « permettraient d’accroître l’adhérence à la vaccination, car les moins motivés pour se faire vacciner seraient plus faciles à convaincre », veut croire Jean-Daniel Lelièvre. En France, moins de la moitié des plus de 70 ans ont reçu deux doses de rappel contre le Covid à ce jour.
En attendant, la double vaccination, qui peut se faire en pharmacie sur demande, “ne présente aucun danger” rappelle la HAS. “L’expérience acquise de longue date en matière de vaccination montre que la co-administration de plusieurs vaccins n’est pas dangereuse pour le système immunitaire“, conclut-elle.
Première, deuxième, troisième, quatrième dose de vaccin… Comme pour les vagues épidémiques de Covid-19, ne vaudrait-il pas mieux arrêter de les compter ? Depuis plus d’un an, la Haute Autorité de santé (HAS) parle d’ailleurs de « dose de rappel additionnelle », sans en préciser le nombre. Alors que l’épidémie est actuellement au plus bas et que de nombreuses règles ont été allégées ce 1 er février pour les cas positifs et les personnes contact, qu’adviendra-t-il de la vaccination ?
La HAS travaille sur de nouvelles recommandations qui devraient être rendues publiques « fin février », nous précise l’instance. « À titre personnel, je pense qu’on ira sur une vaccination annuelle pour les populations à risques », préconise, parmi d’autres, Stéphane Paul, immunologue au CHU de Saint-Étienne (Loire). Comme pour la grippe, une dose de rappel pourrait être recommandée chaque année pour les plus de 60 ans, les personnes avec comorbidités, etc.
« On est en train de regarder combien de temps l’immunité persiste et il faut trouver une sorte de juste milieu, car on ne va pas vacciner tous les trois ou six mois », complète le professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) et expert auprès de la HAS.
Éviter « fatigue vaccinale » et ras-le-bol de la piqûre
Un rythme aussi fréquent risquerait d’accentuer la « fatigue vaccinale », le ras-le-bol de la piqûre, sans forcément un très gros gain en termes d’efficacité. Au Royaume-Uni, le comité d’experts a, lui, recommandé mercredi 25 janvier une dose de rappel chaque année pour les personnes à risques… et deux par an pour les plus fragiles d’entre elles, notamment celles immunodéprimées. Car le SARS-CoV-2 n’est pas saisonnier : il circule toute l’année et peut donc entraîner une vague épidémique à tout moment
Reste à savoir quels sérums utiliser. Stéphane Paul plaide, « si possible, pour des vaccins différents » année après année. « D’après certaines études sur d’assez petits groupes de personnes, une même composition avait tendance à trop épuiser les lymphocytes, ce qui fait que le système immunitaire était moins stimulé injection après injection », développe le médecin. « Si vous utilisez toujours la même souche, vous risquez d’avoir un vaccin moins efficace », abonde Jean-Daniel Lelièvre.
Qu’importe le fabricant, si la piqûre est adaptée aux nouveaux variants. Pfizer-BioNTech et Moderna proposent déjà chacun des recettes différentes. Depuis le mois d’octobre, seuls leurs produits à ARN messager « bivalents », c’est-à-dire basés à la fois sur la souche d’origine et sur le variant Omicron BA.1 ou BA.4/5, sont administrés en rappel. Des vaccins basés sur d’autres technologies, comme le vaccin Sanofi à protéine recombinante, pourraient aussi trouver leur place.
Combiner le vaccin avec celui de la grippe ?
Concernant la grippe, les vaccins utilisés chaque année sont basés sur la souche virale qui risque le plus de circuler. Les experts se basent sur ce qui a été observé quelques mois plus tôt, pendant l’hiver dans l’hémisphère Sud.