Cyberharcèlement, racisme, porno… L’Europe serre la vis aux réseaux sociaux
La Commission européenne rend publique la liste des plateformes qui feront l’objet d’une surveillance inédite. Visés : Facebook, TikTok ou Twitter, mais pas seulement.

Ce qui est illégal dans le monde réel, l’est aussi sur les réseaux sociaux. C’est en vertu de ce principe que la Commission européenne durcit les obligations des grandes plateformes numériques. « Une grande échelle implique une grande responsabilité », a souligné mardi le commissaire européen, Thierry Breton, en dévoilant la liste des réseaux sociaux concernés.
Cette liste était attendue depuis octobre dernier et l’adoption de la législation sur les services numériques (Digital Services Act, DSA, en anglais). Avec pour objectif de lutter contre le harcèlement, les menaces de mort, les appels à la haine et à la violence physique, le racisme et l’antisémitisme, la pédopornographie…
19 plateformes
Dans le collimateur de l’Union européenne : les « plateformes structurantes », celles qui comptent plus de 45 millions d’utilisateurs. Elles sont au nombre de 19. On y trouve : les réseaux sociaux Facebook, Twitter et LinkedIn ; le site de vidéos YouTube ; les réseaux de partage d’image Instagram, TikTok, Snapchat et Pinterest ; quatre plateformes de l’univers Google : Google Search, Google Maps, Google Play et Google Shopping ; Bing, le moteur de recherche de Microsoft ; l’AppStore d’Apple ; les sites de e-commerce Amazon Store, AliExpress, Booking, Zalando ; l’encyclopédie contributive Wikipédia.
Ces acteurs ne pourront plus « agir comme s’ils étaient trop grands pour se soucier des autres », a insisté Thierry Breton, qui a aussi évoqué quatre ou cinq plateformes supplémentaires qui pourraient être annoncées dans les prochaines semaines.
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Contre les fakenews
L’Union européenne (UE) n’impose pas seulement des règles plus strictes en matière de suppression des contenus illégaux. Elle leur demande de lutter contre la désinformation, amplifiée par les biais des algorithmes – Facebook est particulièrement visé. Tout contenu créé grâce à l’usage des intelligences artificielles (par exemple ChatGPT) ainsi que tout truquage d’image (le deepfake) devra être clairement identifié comme tel.
Enfin, les règles de contrôle de l’âge des internautes devront être renforcées, notamment pour limiter l’accès à des contenus pornographiques, tandis que les publicités visant spécifiquement les enfants seront interdites.
Quels contrôles ?
Les géants du numérique ont jusqu’au 25 août pour se mettre en conformité. Mais pas de contrainte, sans menace de sanctions. La Commission aura-t-elle les moyens de faire respecter la loi, au moment où Elon Musk prend le chemin inverse en sabrant dans les équipes de modération de Twitter ?
Thierry Breton indique qu’un « crash-test » aura lieu au mois de juin avec Twitter. Surtout, l’Europe promet « des audits indépendants tous les ans ». Les plateformes qui ne respectent pas leurs obligations s’exposeront à une amende pouvant aller jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires. Et en cas d’infractions graves et répétées mettant en cause la sécurité des personnes, la Commission prévoit même l’éventualité d’un « bannissement temporaire » de l’Union européenne.