Démographie : La population asiatique frappée par un « grand baby-krach »
En 2023, la Chine va céder sa place de pays le plus peuplé de la planète à l’Inde. La région fait face à un effondrement des naissances qui va accélérer la réduction des populations d’ici 2050.
Elle blanchit et se rétrécit. L’Asie, où vit près de 60 % de la population mondiale, est en train de vieillir et, confrontée au «grand baby-krach», comme le résument certains experts, fait de moins en moins d’enfants. Certes, l’Inde va devenir l’année prochaine le pays le plus peuplé de la planète avec 1,43 milliard d’habitants, dépassant la Chine et ses 1,42 milliard. Si l’on en croit les projections des Nations unies, les Indiens devraient être près de 1,67 milliard à l’horizon 2050. Cette augmentation concernera également l’Indonésie, le Pakistan et le Bangladesh.

Mais cette progression ne doit pas faire illusion, car le ralentissement démographique est bien réel. Si les Nations unies estiment que la population mondiale atteindra un pic en 2080, avec 10,4 milliards d’habitants, d’autres démographes avancent que ce scénario pourrait advenir dès la fin des années 2040. Avant le grand recul et la courbe du taux de mortalité mondiale dépassant celle de la natalité à ce moment-là.
La baisse du taux de fécondité mondial signifie qu’entre 2022 et 2025, il y aura plus de 14 millions de bébés en moins dans le monde par rapport aux prévisions de l’ONU, écrit l’économiste James Pomeroy, dans une étude argumentée publiée en août par le groupe bancaire HSBC. L’impact pourrait être beaucoup plus marqué à l’avenir et la baisse du taux de fécondité pourrait entraîner la réduction de moitié de nombreuses populations pendant le reste du siècle.» L’expert précise que «l’effondrement des taux de natalité pendant la pandémie est l’une des choses les plus importantes qui soit arrivée à l’économie mondiale de notre vivant».
L’Asie orientale est d’ores et déjà atteinte par ce phénomène. Avec un taux de fécondité de 0,81 en 2021, la Corée du Sud est le premier pays de l’OCDE à être passé sous le seuil d’un enfant par femme en 2018. C’est désormais le cas également de Taiwan (0,97, lire ci-contre), suivi par la Chine avec 1,15 et le Japon avec 1,34. Très loin du renouvellement des générations établi à 2,1 enfants par femme. Les projections de l’Institut national d’études démographiques pour 2050 mettent en avant des baisses significatives de population dans cette région du monde : moins 110 millions en Chine, moins 20 millions au Japon, moins 6 en Corée et moins 2 à Taiwan.
De par la taille de sa population, la Chine sera affectée par des changements colossaux. Il y a deux ans et demi, une vingtaine d’experts de l’université de Chicago publiaient une étude dans The Lancet indiquant que le pays pourrait perdre la moitié de sa population à la fin du XXIe siècle. Et ce malgré l’abandon de la politique de l’enfant unique en 2016, puis l’introduction d’aides et d’incitations pour un troisième enfant cinq plus tard. Un vrai krach démographique.