Ecosse : Pourquoi ces Français expatriés ont fait le choix de la terre celte
Vivre à Londres ? C’est non pour ces Français, qui ont préféré poser leurs valises en Écosse. Confortablement installés, ils ne regrettent absolument pas leur décision.
«Ce n’était plus fait pour moi !» Olivia a vécu à Londres près d’un an en 2015, où elle travaillait comme assistante de langues. «C’est vrai, c’est une ville excitante et culturellement très riche et intéressante, reconnaît la jeune femme. Le problème, c’est que c’est une ville trop bruyante, trop polluée. Je ne voulais plus loger dans un petit appart onéreux et poussiéreux et attendre pendant des heures dans les transports qu’on paie cher.» Olivia a donc préféré la qualité de vie écossaise. Professeure de français en secondaire, la Française vit aujourd’hui dans un village non loin de St Andrews, à une heure d’Edimbourg.

Et la Française n’est pas la seule à avoir fait ce choix de vie. Emmanuelle Gabarda, elle, est arrivée à Glasgow en août 2017. «Je me suis directement installée en Écosse, après avoir brièvement considéré Londres. Mais la vie étant trop chère là-bas, je me suis dit que l’Écosse et en particulier Glasgow étaient un bon compromis», explique la trentenaire, fondatrice de l’agence L’Ode Rose. Pour Léa Salles, qui vit à Dundee depuis septembre 2020, ce sont les études qui l’ont amenée en Écosse, les frais étudiants étant gratuits – à l’époque – pour les Européens.
Marie, elle, a eu un coup de foudre lors d’un voyage il y a 20 ans. Alors quand l’occasion s’est présentée, mi-2018, elle n’a pas hésité une seconde pour venir vivre à Edimbourg. Quant à Virginie Pesci, elle réside en Écosse depuis 1998, dans le North Ayrshire à Irvine, après avoir décroché un poste d’assistante pendant un an dans le pays.
Si l’argument du coût de la vie est souvent avancé pour justifier le choix de vivre en Écosse, il est loin d’être l’unique raison. Le sentiment de se sentir comme chez soi demeure un argument de poids chez ces Françaises. «Ce n’est pas si différent de ma Bretagne natale», confie Olivia, qui apprécie particulièrement «la beauté sauvage du pays, la tranquillité et les habitants. J’aime la mentalité des Ecossais, ils sont simples, amicaux, fiers, et avec un solide sens de l’humour». «Tout le monde est très gentil et prêt à aider si besoin», assure Léa Salles. «Je me sens plus à l’aise et épanouie ici… Je ne me suis jamais sentie mise à l’écart ou isolée ici», ajoute de son côté Emmanuelle Gabarda.
S’habituer à la météo
Se faire des amis semble aussi un peu moins difficile en Écosse qu’à Londres. «Les Écossais ne laissent personne de côté. Dès que je me retrouvais seule dans un pub, je finissais en général la soirée dans un groupe d’amis que je ne connaissais pas ! J’ai rencontré beaucoup de musiciens qui sont devenus des amis. Marie, elle, a pu se créer un cercle de connaissances en quelques semaines. «J’ai maintenant une famille ici en plus de celle en France». Quant à Virginie Pesci, elle a réussi «assez rapidement» à s’intégrer. «Je vivais avec un couple écossais quand je suis arrivée et ils m’emmenaient partout avec eux pour rencontrer des gens.»
Des exemples de chaleur humaine, qui leur font du bien pour pallier une météo des plus capricieuse. «Je joue au rugby au sein du club de la ville avec la pluie, le vent, le froid et la grisaille. Je ne me suis jamais vraiment habituée au temps mais on essaie de faire avec», confie Virginie Pesci. «On s’y fait ! Au bout d’un moment, je ne remarque même plus qu’il pleut», tempère Emmanuelle Gabarda, pourtant originaire de Montpellier, «la pluie, c’est finalement une bonne excuse pour se retrouver entre amis dans un pub pour écouter de la musique live». Marie, qui reconnaît elle aussi que l’hiver peut être rude à cause du manque de luminosité, estime que «le reste de l’année rattrape grandement ce défaut».
Des opportunités professionnelles
L’Écosse compte près de 6000 Français installés dans le pays, selon le dernier rapport du ministère des Affaires étrangères. Un chiffre en légère baisse entre 2020 et 2021, notamment à cause des départs liés à la pandémie et au Brexit, une tendance qui s’observe partout dans le monde. Cela étant dit, la communauté française en Écosse continue de représenter près de 5% du nombre total d’expatriés présents au Royaume-Uni. La majeure partie vit à Londres ou dans ses alentours, qui attirent toujours autant les Français, notamment les actifs en quête d’opportunités professionnelles.
Le marché de l’emploi, moins dynamique qu’à Londres, n’est pas forcément un handicap. «Pour moi, ça a été facile à mon arrivée, mais je pense que ça dépend aussi du secteur dans lequel vous évoluez», analyse Emmanuelle Gabarda, chanteuse professionnelle reconvertie en attachée de presse pour artistes. «Petit à petit, j’ai monté un bon réseau et j’ai fait des concerts réguliers au bout de quelques mois». «Glasgow est la ville idéale pour travailler dans la culture», analyse la jeune chef d’entreprise. Pour Marie, l’Écosse offre de belles opportunités notamment dans le domaine de la recherche biomédicale, secteur dans lequel elle évolue. La présence d’universités et donc de possibilités de travailler dans le monde académique aiderait beaucoup.
Si Londres ne les attire pas aujourd’hui, certaines de ces Françaises ne disent pas non à l’éventualité d’y vivre un jour. Si Emmanuelle Gabarda décroche «le job de (ses) rêves», elle n’hésitera pas à faire ses valises pour la capitale anglaise, «non sans un gros pincement au cœur». «J’ai du mal à voir comment on peut y rester sur du long terme et y trouver une certaine stabilité, les loyers sont tellement délirants», nuance Marie. «Si je déménage en Angleterre, cela serait plutôt vers Cambridge car je n’aime pas les grandes villes, impersonnelles et froides. Edimbourg est aussi une capitale, mais elle est à taille humaine et a gardé toute son humanité et tout son charme.» «Ma vie est en Écosse, loin de l’Angleterre qui ne m’attire pas, si ce n’est sa proximité avec la France», estime Virginie Pesci.