Europe : Le prix du gaz en Europe atteint un plus bas depuis deux ans

Le prix du gaz naturel européen poursuit sa baisse, sous l’effet combiné de niveaux de stockage au plus haut et de l’été qui approche. Pour autant, le marché reste tendu et les cours pourraient s’envoler en cas de changement soudain dans l’offre ou la demande.

Le gaz européen a-t-il atteint son prix plancher ? Après sept semaines de baisses consécutives – la plus longue série depuis six ans, selon Bloomberg – le tarif des contrats à terme (livrable le mois prochain) du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, reprenait 2,7 % à 30,6 euros du mégawattheure (€/MWh), ce vendredi. La veille, déjà, il regagnait 2,2 %, à un peu plus de 30 €/MWh.

Le signe selon les experts que le gaz européen a atteint son palier le plus bas pour le moment. Un tarif que la molécule n’avait toutefois pas connu depuis juin 2021, avant le début d’une flambée des prix ayant entraîné une crise énergétique majeure en Europe. Les prix du gaz européen avaient alors connu une envolée stratosphérique, jusqu’à toucher les 345 euros le MWh en mars 2022, le record historique du contrat à terme du TTF.”

Stocks importants

Cette chute depuis près de deux mois s’explique notamment par une hausse des températures dans la région, freinant la demande. Le chauffage est en effet le principal poste de consommation de gaz pour les particuliers. Or, « le réchauffement climatique réduit la demande » , explique dans une note Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Les prix baissent également car les niveaux de stockage en Europe sont très « proches des records pour cette période de l’année », ajoute l’analyste. Dans la foulée de la guerre en Ukraine, et de la décision de la Russie de fermer le robinet en direction du Vieux Continent, l’Europe a accumulé des stocks importants, notamment grâce à des importations massives de gaz naturel liquéfié, provenant en grande partie des Etats-Unis.

L’Union européenne a d’ailleurs lancé la semaine dernière son premier appel d’offres international pour des achats groupés de gaz. L’idée étant d’éviter la situation de l’été 2022, où Etats et entreprises s’étaient précipités au même moment sur le marché du gaz, faisant flamber les prix.

La région est donc en bonne voie pour reconstituer ses stocks avant l’hiver prochain, et s’affranchir de sa dépendance à la Russie. Les réserves pourraient même avoir été reconstituées dès le début de l’été, estiment les analystes d’Energy Aspects dans une note citée par Bloomberg. Ce qui pourrait faire à nouveau plonger le prix du gaz, imaginent-ils, dans le cas où la production excéderait les besoins.

Un marché tendu

Le marché reste toutefois extrêmement tendu, selon les spécialistes. « L’Europe est toujours exposée à des risques de choc de la demande », prévient Biraj Borkhataria, analyste chez RBC Capital Markets et cité par l’AFP. Les stocks ne suffiraient alors pas à combler une hausse accrue des besoins, notamment pour produire de l’électricité.

De fortes chaleurs et une sécheresse importante affecteraient lourdement la production d’hydroélectricité ainsi que les centrales nucléaires, qui ont besoin de beaucoup d’eau pour refroidir leurs réacteurs. La production d’électricité se reporterait alors mécaniquement sur le gaz.

Enfin, la baisse de la facture des consommateurs devrait encore se faire attendre. Certains clients sont toujours soumis à des contrats signés lorsque les prix étaient au plus haut.

À noter

Le gaz britannique a également atteint ce jeudi son prix le plus bas depuis juin 2021, à 67,71 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur), en baisse de plus de 63 % depuis le début de l’année. Aux Etats-Unis enfin, le prix du gaz a chuté de plus de 43 % depuis début 2023.

Les Echos