« Il faudrait baisser les allocations familiales » : Les Français jugent l’argent public mal dépensé et sont sceptiques sur les baisses d’impôts

A l’heure où le gouvernement lance sa campagne « En avoir pour mes impôts », la majorité des Français jugent qu’ils sont mal utilisés, selon un sondage Elabe pour « Les Echos » et l’Institut Montaigne publié ce jeudi. Malgré les baisses d’impôt engagées par Emmanuel Macron depuis 2017, 42 % d’entre eux ont le sentiment qu’ils ont augmenté.

Emmanuel Macron a beau avoir fait de la baisse de la fiscalité un marqueur de sa politique depuis son premier quinquennat, les Français peinent à y croire. Au total, 42 % d’entre eux ont le sentiment que les impôts et taxes ont augmenté depuis son élection en 2017, selon un sondage Elabe réalisé pour « Les Echos » et l’Institut Montaigne publié ce jeudi.

Seul un peu plus d’un quart des Français (28 %) estime payer moins d’impôts selon le sondage.

Seul un peu plus d’un quart des Français (28 %) estime payer moins d’impôts. Petite consolation pour le chef de l’Etat : c’est le cas de la majorité de ses électeurs (61 %) alors que ceux de Jean-Luc Mélenchon jugent majoritairement qu’ils sont davantage taxés qu’auparavant. « C’est un élément du bilan d’Emmanuel Macron qui n’imprime pas », relève Vincent Thibault, directeur conseil opinion chez Elabe.

« Prisme politique »

La fiscalité est, il est vrai, un sujet sur lequel s’exerce « un prisme politique très fort », souligne l’expert.

De plus, à un moment où l’inflation élevée pose avec acuité la question du pouvoir d’achat, il ne va pas de soi pour les Français d’intégrer que la pression fiscale a été allégée même si les sujets ne sont pas liés. Sans surprise, dans le ressenti, ceux qui peinent à boucler leurs fins de mois sont davantage enclins à penser qu’ils paient plus d’impôts.

Derrière le scepticisme des personnes interrogées, une autre critique s’élève : plus de trois quarts considèrent que l’argent du contribuable est mal dépensé. Un sentiment persistant qui a conduit le gouvernement à lancer mi-avril la campagne « En avoir pour mes impôts » visant en particulier les classes moyennes, qui ont des « doutes » sur l’utilisation qui en est faite. L’enquête montre l’ampleur du chantier.

Le consentement à l’impôt existe certes chez une majorité de Français (58 %) qui l’estiment « justifié car il finance les services publics ». Le fonctionnement du système est néanmoins critiqué par toutes les catégories de population et d’électorats. Pour la plupart des sondés, il ne permet ni « la redistribution des richesses entre les différentes catégories sociales », ni d’empêcher la fraude fiscale.

Plus d’un sur deux (53 %) pensent contribuer au système plus qu’ils n’en bénéficient. Si ce sentiment a nettement reflué depuis la crise des « gilets jaunes », « le gouvernement n’est pas parvenu à inverser la tendance », constate Vincent Thibault. Seules 8 % des personnes se disent gagnantes.

La santé en tête des attentes

Alors que le gouvernement s’apprête à consulter les Français pour recueillir leurs suggestions sur un meilleur usage des deniers publics, l’enquête ouvre des pistes. Interrogés sur les domaines où la dépense publique devrait être augmentée, ils mettent d’abord en avant la santé. Le sujet fait consensus quelle que soit la catégorie professionnelle ou la préférence partisane. Il arrive loin devant l’éducation, surtout mise en avant par les cadres et l’électorat de Jean-Luc Mélenchon. Suivent à égalité la sécurité et les retraites.

La question des coupes est également abordée. Selon les sondés, elles doivent d’abord concerner les allocations familiales. Une opinion partagée par 47 % des soutiens à Marine Le Pen, mais qui est nettement moins populaire chez les électeurs d’Emmanuel Macron (35 %) et de Jean-Luc Mélenchon.

Pour l’Institut Montaigne, « les résultats de cette enquête traduisent la relation complexe qu’entretiennent les Français avec la fiscalité ». D’où sa conclusion lapidaire : « Avec un bénéfice politique aussi faible auprès des Français, la posture en faveur d’une baisse durable de notre fiscalité ne paraît plus tenable ni légitime. »

Les Echos