Île-de-France : Esclavage, vasectomie forcée…, le pasteur Borba fait condamner son église évangélique à lui verser un million d’euros
Les prud’hommes ont condamné le Centre d’accueil universel à verser près d’un million d’euros à un pasteur, victime d’« esclavage moderne » pendant 25 ans. Le Centre d’accueil universel, en pleine expansion en France, vient d’être condamné à verser près d’un million d’euros à un pasteur et son épouse victimes de conditions de travail indignes. Cette décision pourrait faire tache d’huile.
Borba, 50 ans, vient d’obtenir gain de cause aux prud’hommes contre le Centre d’accueil universel, une église évangélique pour laquelle il a exercé pendant 25 ans… sans un seul jour de congé. Le pasteur et sa femme ont raconté les conditions indignes dans lesquelles ils avaient vécu pendant toutes ces années, dans plusieurs offices d’Île-de-France. Horaires à rallonge, absence de congés, vasectomie obligatoire… Il assure n’être qu’une victime parmi d’autres.
Le pasteur a officié à Colombes (Hauts-de-Seine), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), ou encore Évry-Courcouronnes (Essonne). Partout, l’église le soumettait à des cadences infernales : il pouvait travailler jusqu’à 18 heures par jour. « Même quand on était blessés ou malades, on nous demandait de tenir l’office », se remémore-t-il. Pour s’assurer de son entier dévouement, sa hiérarchie l’a même forcé à se soumettre à une vasectomie, « car on ne serait pas assez disponible si on avait des enfants », raconte encore Borba.
Trois autres pasteurs veulent porter plainte
« Mais mon cas n’est pas unique, cette façon de nous traiter est tout à fait classique dans cette institution », assure le pasteur. Ce que confirme son avocat, Me Marc Montagnier, qui a été contacté par plusieurs autres officiers : « Au nom de Dieu, on demande aux pasteurs de se sacrifier, c’est de l’esclavagisme moderne », dénonce l’avocat. Trois autres personnes s’apprêteraient à déposer des plaintes contre l’église.
Borba, 50 ans, et son épouse espèrent que cette décision judicaire va ouvrir les yeux des fidèles du Centre d’accueil universel
Le Centre d’accueil universel, une église évangéliste, vient d’être condamné à verser des dommages et intérêts à un pasteur pour des conditions de travail indigne.
Borba, 50 ans, vient d’obtenir gain de cause aux prud’hommes contre le Centre d’accueil universel, une église évangélique pour laquelle il a exercé pendant 25 ans… sans un seul jour de congé. Le pasteur et sa femme ont raconté au les conditions indignes dans lesquelles ils avaient vécu pendant toutes ces années, dans plusieurs offices d’Île-de-France. Horaires à rallonge, absence de congés, vasectomie obligatoire… Il assure n’être qu’une victime parmi d’autres.
Le pasteur a officié à Colombes (Hauts-de-Seine), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), ou encore Évry-Courcouronnes (Essonne). Partout, l’église le soumettait à des cadences infernales : il pouvait travailler jusqu’à 18 heures par jour. « Même quand on était blessés ou malades, on nous demandait de tenir l’office », se remémore-t-il. Pour s’assurer de son entier dévouement, sa hiérarchie l’a même forcé à se soumettre à une vasectomie, « car on ne serait pas assez disponible si on avait des enfants », raconte encore Borba.
Une vasectomie quasi obligatoire. Pour être corvéable à merci, « car on ne serait pas assez disponible si on avait des enfants », explique Borba, pasteur durant vingt-cinq années au sein du Centre d’accueil universel, ce courant évangélique qui compte plusieurs dizaines de milliers de fidèles et une quinzaine de lieux de culte rien qu’en Île-de-France.
Pendant toutes ces années de dévotion – comme nous le racontions en avril, il a officié à Colombes (Hauts-de-Seine), Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), Évry-Courcouronnes (Essonne) entre autres ces dernières années – il n’a bénéficié d’aucun jour de repos. Pas de vacances. Et des horaires infernaux allant parfois jusqu’à 18 heures par jour. Du travail dissimulé… « Même quand on était blessés ou malades, on nous demandait de tenir l’office », se rappellent Borba et sa femme.
Et ce sont ces conditions inhumaines qui étaient au centre du conflit entre l’association cultuelle et le pasteur. « Mais mon cas n’est pas unique, cette façon de nous traiter est tout à fait classique dans cette institution », assure l’homme de foi. « Au nom de Dieu, on demande aux pasteurs de se sacrifier, c’est de l’esclavagisme moderne », estime Me Marc Montagnier, représentant du couple de victimes.
« Les fidèles sauront ce qu’il se passe pour leurs pasteurs »
C’est également l’avis des prud’hommes qui viennent de condamner l’association cultuelle à verser près d’un million d’euros de dommages et intérêts au pasteur et à sa femme. Une somme rarement atteinte pour un particulier. Contacté, le Centre d’accueil universel, qui n’a pas souhaité nous répondre, va faire appel de cette décision qui doit néanmoins être exécutée dès à présent.
De son côté, Borba ne peut contenir ses larmes : « Je remercie Dieu, il n’est pas coupable de l’attitude des hommes. C’est lui qui m’a donné la force d’endurer le rejet, puis l’abandon de tous mes proches et de mes pairs depuis que je suis parti de l’Église. »
Une seule autre condamnation existe à l’encontre de ce mouvement : au Brésil, lieu d’émergence de ce culte comptant plus de 7 millions de fidèles répartis dans une centaine de pays, le Centre d’accueil universel a été condamné l’an dernier à payer à un pasteur « ses dépenses relatives à une fécondation in vitro » à cause de la vasectomie qu’il a été obligé de subir.
La procédure sur ses conditions d’exercice, engagée par Borba, 50 ans, le corps meurtri par un labeur sans relâche, était attendue par de nombreux autres pasteurs ayant aussi quitté cette Église évangélique.
« Je n’en ai jamais fait une histoire d’argent, lance celui qui entame une formation dans l’informatique, mais s’est aussi rapproché d’un autre mouvement évangélique. Rien ne pourra nous rendre ces années de souffrance. Et l’absence d’enfant. Mais désormais les fidèles sauront ce qu’il se passe pour leurs pasteurs. Car l’Église leur ment sur nos conditions de vie. Et je ne suis pas seul dans cette situation. Cela va aider tous les autres qui avaient peur jusque-là de porter plainte contre le Centre d’accueil universel. »
Dîme, prosélytisme ciblé, thérapies de conversion…
Trois autres pasteurs s’apprêtent à déposer plainte. « Ce qu’a vécu Borba, c’est notre quotidien à nous aussi, on ne peut même plus voir notre famille, on doit demander l’autorisation pour chaque instant où on ne serait pas à tenir l’église du matin au soir », soupire l’un d’eux qui envisage même une plainte au pénal pour mutilation et esclavagisme.
« De plus en plus de personnes nous contactent, reconnaît Me Montagnier. Ils ouvrent les yeux et se rendent compte qu’ils ont été exploités dans un enfermement progressif et vicieux. »
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a aussi ce mouvement dans le viseur. « Le Centre d’accueil universel, lié à l’Église universelle du royaume de Dieu (EURD), a fait l’objet d’une soixantaine de saisines depuis 2015, rapporte la Miviludes. Elle prône le jeûne, la prière et le paiement de la dîme pour chaque fidèle (environ 10 % de leur salaire). »
Les témoignages reçus par la mission interministérielle évoquent « les sacrifices financiers importants qui sont demandés avec insistance aux fidèles, le fait que certains d’entre eux délaissent la médecine conventionnelle, y compris pour des affections graves. »
De plus, le public ciblé pour recruter de nouveaux fidèles interroge. « Cette Église mène des actions de prosélytisme auprès des mineurs migrants isolés et de jeunes en difficulté ou des étudiants, avance la Miviludes. Ce n’est pas répréhensible. En revanche, l’insistance appelle l’attention des pouvoirs publics et les professionnels de l’action sociale. »
La Miviludes relève enfin une influence préjudiciable et « appelle à la vigilance sur les valeurs véhiculées auprès des adeptes qui peuvent nuire à la cohésion sociale : refus de l’égalité femmes-hommes, diabolisation de l’homosexualité, thérapies de conversion ».
