Journalisme : Au « JDD », le grand remplacement a commencé
Plus de 60 journalistes ont déjà annoncé leur départ. Geoffroy Lejeune tente de sortir un journal en recrutant à « Valeurs actuelles ». Pour l’heure, les seules nouvelles recrues viennent toutes de « VA » dont Cyril de Beketch, également passé par « Minute ».
Cette fois, ça y est, le Grand Remplacement a commencé. La théorie – totalement raciste et fumeuse – chère au cœur d’Éric Zemmour est entrée en pratique au Journal du dimanche, que dirige désormais Geoffroy Lejeune, fan s’il en est du chef de Reconquête dont il fit abondamment l’article du temps où il régnait sur Valeurs actuelles. Bien obligé, le pauvret, de grand-remplacer : après quarante jours de grève, la rédaction du JDD s’en va, et massivement. Sur la centaine de journalistes que comptait le journal en voie de tomber dans l’escarcelle de Vincent Bolloré, on dénombre déjà, selon nos informations, plus d’une soixantaine de personnes qui ont enclenché leur départ – et ce n’est pas fini, la date limite étant fixée au 15 octobre.

Bon, en fait de grand remplacement, celui auquel se livre le journaliste d’extrême droite est pour l’heure petit, tout petit. Pas facile de recruter dans ces conditions-là, même dans un secteur, le journalisme, où les places sont rares. Geoffroy Lejeune commence à constituer son équipe qui a déjà investi les lieux, dès mercredi 2 août, au lendemain de la fin de la grève. D’abord sa fidèle Charlotte d’Ornellas, qui a quitté Valeurs actuelles à la suite de son licenciement : elle va diriger le service Société, couvrant aussi les thématiques police et justice.”
Autre recrue désormais dans les murs du JDD, selon nos informations : Cyril de Beketch. Ah, vous ne connaissiez pas le directeur délégué de la rédaction de Valeurs actuelles ? Certes, on n’est pas responsable de ses parents mais son militant d’extrême droite de père, Serge de Beketch, a cofondé Radio Courtoisie et dirigé la rédaction de feu l’hebdo Minute. Minute, d’où vient le fiston itou, avant de passer à Valeurs actuelles où ses éditos chouinant contre le wokisme laissent entrevoir un sacré atavisme. Cet autre transfuge de Valeurs actuelles a quitté l’hebdo d’extrême droite il y a un mois, continuant d’occuper son temps libre sur le plateau de CNews, la future cousine et prochaine voisine, puisque la chaîne d’opinions de Canal+ va s’installer dans l’immeuble de Lagardère News : Raphaël Stainville, qui pourrait diriger le service politique du JDD, a fait son apparition dans les locaux cette semaine.
Comment disait-il Arnaud Lagardère déjà, dans un récent communiqué ? Ah oui : « Je le redis, nous ne ferons pas du JDD un tract idéologique ni un journal militant. Ce fantasme de l’extrême droite est infondé et méprisant. » Avec déjà quatre recrues venues de Valeurs actuelles, va falloir faire un sacré effort pour penser contre soi-même.
En famille. Geoffroy Lejeune n’arrive pas seul pour prendre les commandes du Journal du dimanche. Selon les informations de Libération, il sera notamment accompagné de Cyril de Beketch, jusqu’ici directeur délégué de la rédaction de Valeurs actuelles, l’hebdomadaire d’extrême droite où Lejeune officiait comme directeur de la rédaction jusqu’à son éviction en juin. Encore salarié de Valmonde – propriétaire de Valeurs actuelles – selon sa description LinkedIn, Beketch devrait intégrer la direction générale. Contactée, la communication de Lagardère News, groupe auquel appartient le JDD, ne dément pas cette information et ne souhaite pas, comme à son habitude depuis le début de cette crise, faire «de commentaires».
Cyril de Beketch a collaboré pour l’hebdomadaire Minute, journal d’extrême droite fondé dans les années 60 et disparu en 2020 et, dans les années 90, pour National hebdo, le journal du Front national dirigé à l’époque par son père, Serge de Beketch, nommé en personne par Jean-Marie Le Pen. Le paternel a été également un pilier de Minute et participé à la naissance de Radio courtoisie, l’un des canaux des idées d’extrême droite. Cyril de Beketch avait gardé sa plume pour publier dans Valeurs actuelles des textes farouchement «anti-woke».