« La France consacre 50 milliards d’argent public par an pour les migrants »

Alors que le pape, en visite à Marseille, défend depuis des années un accueil sans condition des migrants, des milliards d’euros sont déjà dépensés chaque année par notre pays pour aider les étrangers en quête d’une vie meilleure.

Pas assez généreux, le «Pays des Droits de l’Homme», avec tous les déracinés qui frappent à sa porte ? La question a le don d’agacer à droite, et pas seulement à l’heure de la visite du pape François à Marseille. Olivier Marleix, le patron du parti Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, est un habitué des débats budgétaires. Sur ce point précis, il remarque que «les Français déboursent déjà des milliards chaque année» pour aider les populations venues d’ailleurs.

Rebondissant sur l’actualité, l’élu affirme même que «Lampedusa est déjà dans Paris». Une façon de souligner qu’avant l’explosion actuelle des flux d’illégaux entre la Tunisie et l’Italie, «rien que dans la capitale et la petite couronne, près de 100 000 migrants font déjà l’objet d’une prise en charge» par l’État et les associations vivant largement des subventions publiques. Il poursuit, pointilleux : «N’oublions pas que près de 50 000 chambres d’hôtel sont louées en ce moment pour accueillir les étrangers concernés», les places manquant cruellement dans les lieux d’hébergements dédiés.

Olivier Marleix prend alors sa calculette et remonte le fil des dépenses liées à ces problématiques : 2 milliards d’euros affectés au budget «immigration, asile et intégration» en 2023 ; au moins 1 milliard alloué au titre de l’hébergement d’urgence, dont il assure que «de plus en plus de bénéficiaires sont des migrants» ; mais aussi, 1,7 milliard au titre des aides médicales consacrées à ce public, sous toutes leurs formes, dont 1,2 milliard relève de l’Aide Médicale d’État (AME), tant décriée dans son camp.

S’y ajoute le milliard annuel déboursé par les Conseils départementaux pour les mineurs non accompagnés (MNA), ou prétendus tels, pour nombre de ceux qui se présentent aux services sociaux. «Cela fait environ 6 milliards d’argent public consacrés chaque année à ces missions, et ce n’est qu’une première approche», estime le patron des LR au Palais Bourbon. Sans parler de l’Aide au demandeur d’asile (ADA) versée aux Ukrainiens placés sous protection temporaire (un demi-milliard de plus).

16 milliards d’euros d’aide publique au développement

D’autres estimations, plus larges encore, comme celle publiée en août dernier par les Contribuables Associés, vont jusqu’à évaluer à plus de 50 milliards d’euros le coût annuel de l’immigration en France. Cette étude de Jean-Paul Gourévitch a fait l’effet d’un électrochoc. On y apprend qu’en 2022 l’aide publique française au développement a atteint quasiment 16 milliards d’euros. Un record historique.”

Dans cette étude, à la rubrique des coûts, il est fait mention de l’impossibilité d’obtenir un montant précis des fonds publics irriguant les finances des associations d’aide aux migrants, mais une évaluation est quand même tentée : 1,2 milliard d’euros.

Étonnant mécano que le système français, où la puissance publique subventionne des acteurs qui n’ont pas de mots assez durs pour critiquer le manque de moyens et de compassion de l’État face au sort des migrants. Un système totalement schizophrène où l’État, tout en actionnant sa police pour tenter d’éloigner les illégaux, finance des armées de militants qui s’emploient, en sens inverse, à faire en sorte que les expulsions échouent.

Il faut lire également la nouvelle édition de l’essai du directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), consacré aux spécificités françaises en matière migratoire*.

Logements sociaux

En France, près d’un ménage algérien ou marocain sur deux habite en logement social, nous explique l’auteur. C’est le cas aussi pour plus d’un ménage subsaharien sur deux. «Cela souligne les efforts des pouvoirs publics pour offrir un logement à ces populations plus récemment arrivées dans notre pays», relève-t-il. Il souligne que «la moitié des Maghrébins nous ont rejoints après l’an 2000 et les Subsahariens plus récemment encore». Et il écrit : «La concurrence dans l’accès au logement social explique bien des crispations devant les arrivées nouvelles alors que plus de la moitié de la population du pays rentre dans les critères qui lui permettraient de prétendre à ce type de logement».

En matière d’asile aussi, la France fait beaucoup. Selon le préfet Leschi, les demandeurs «obtiennent chez nous plus facilement le statut de réfugié qu’Outre-Rhin, qu’en Suède, qu’en Norvège, qu’en Autriche, qu’au Danemark». «À situation comparable», ils «reçoivent une allocation supérieure à celle qui est versée dans la plupart des pays d’Europe. Quand ils en reçoivent une. » L’Italie n’en verse aucune aux personnes non hébergées par l’État. Contre 426 euros par mois pour ce public spécifique en France. Où le demandeur est couvert par la protection universelle maladie, dont il bénéficiera pendant six mois après avoir été débouté.

Ce n’est pas tout. En 2022, on dénombrait 400.000 allocataires de l’AME, ce qui donne la mesure du nombre de clandestins dans le pays, puisque cette aide leur est exclusivement destinée et que tous ne la touchent pas. La France est aussi, avec la Belgique, «l’unique pays au monde délivrant des titres de long séjour pour soin à tous ceux qui font valoir qu’ils ne peuvent accéder effectivement aux soins dans leur pays, même si le médicament existe». Plus de 20 000 étrangers en bénéficient chaque année, majoritairement issus du Maghreb et d’Afrique Subsaharienne.

«Nous sommes plus ouverts que bien d’autres»

L’effort d’hébergement ? Plus de 110 000 places sont destinées aux demandeurs d’asile. Ce parc a plus que doublé en cinq ans. Et ceux qui n’y trouvent pas un toit peuvent se reporter sur l’hébergement d’urgence donc. En France, celui-ci est «inconditionnel», gratuit, sans limite de durée. «C’est une notion que nous sommes le seul pays en Europe à avoir inscrit par la loi comme un droit imprescriptible», précise Didier Leschi.

L’effort d’hébergement ? Plus de 110 000 places sont destinées aux demandeurs d’asile. Ce parc a plus que doublé en cinq ans. Et ceux qui n’y trouvent pas un toit peuvent se reporter sur l’hébergement d’urgence donc. En France, celui-ci est «inconditionnel», gratuit, sans limite de durée. «C’est une notion que nous sommes le seul pays en Europe à avoir inscrit par la loi comme un droit imprescriptible», précise Didier Leschi.

Pas généreuse, la France ? «Depuis longtemps, nous nous fixons comme horizon de l’intégration l’obtention de la nationalité française : 37 % de nos immigrés sont Français, 2,5 millions sur 7 millions», rappelle le patron de l’OFII. Il poursuit : «Depuis des décennies, entre 100 000 et 150 000 personnes acquièrent chaque année la nationalité française. Nous sommes plus ouverts que bien d’autres».

En Espagne, aux Pays-Bas et dans d’autres pays de l’Union, celui qui souhaite acquérir la nationalité doit renoncer à la sienne. Alors que quitter la nationalité turque ou marocaine est impossible, par exemple. La France, pour sa part, ne demande rien de tel. «Enfin, nous sommes les champions du mariage mixte, c’est-à-dire des mariages liant des personnes issues de notre sol, quelle que soit leur origine, et des personnes arrivées de régions étrangères», écrit le préfet.

Non, la France n’est pas un enfer pour les migrants. Et l’aphorisme d’Oscar Wilde a toute sa place en préambule de la contribution au débat de Didier Leschi : «La souffrance attire plus aisément la sympathie que la réflexion».

*« Ce grand dérangement. L’immigration en face », chez Gallimard, 59 pages, 4,90 euros.

Le Figaro