La France en passe de devenir une puissance mondiale de l’hydrogène
La France possède un gisement énorme d’hydrogène naturel, qui dépasse les 45 milliards de tonnes, dans le bassin minier lorrain. De quoi attiser l’appétit de la filière énergétique en France et en Europe…
L’entreprise Française de l’Énergie (FDE) a annoncé une découverte miraculeuse d’hydrogène naturel dans le bassin minier lorrain, autour du puits de Folschviller en Moselle. Cette trouvaille est le résultat d’un projet de recherche « Regalor » (pour REssources GAzières de LORraines), mené depuis quatre ans par l’Université de Lorraine et le CNRS, en collaboration avec la FDE. Selon les estimations, ces réserves pourraient s’élever à 46 milliards de tonnes, ce qui équivaut à près de la moitié de la production annuelle mondiale d’hydrogène !

De l’hydrogène prêt à servir
Laurent Favre, le directeur général de Plastic Omnium, a expliqué sur BFM Business que l’hydrogène découvert est dit « blanc », c’est-à-dire qu’il s’agit d’hydrogène naturel. Contrairement à l’hydrogène vert ou gris, qui nécessite une production industrielle, l’hydrogène blanc est directement utilisable et pourrait être « le pétrole de demain ». Il a également souligné que des réserves similaires ont été découvertes aux États-Unis, au Mali et en Australie, ce qui renforce son potentiel pour le développement des transports et de l’infrastructure industrielle à l’échelle globale.
L’enthousiasme pour cette découverte est amplifié par le fait qu’elle a presque été faite… par hasard. Le projet Regalor avait initialement pour but d’étudier les quantités de méthane présentes dans le sous-sol lorrain. Les chercheurs ont utilisé une sonde spéciale pour atteindre plus de 1.000 mètres de profondeur dans un puits de seulement six centimètres de diamètre. Ils ont alors trouvé de petites quantités d’hydrogène à 600 mètres, avec des concentrations croissantes à mesure que la sonde s’enfonçait.
Si ces premières découvertes sont prometteuses, elles doivent être validées par des forages plus profonds. La FDE a déposé une demande d’octroi de permis exclusif de recherches de mines, couvrant une superficie de 2.254 km² dans les départements de la Moselle et de la Meurthe-et-Moselle. Côté technique, des défis majeurs subsistent. Actuellement, aucune technologie ne permet de séparer l’hydrogène des autres gaz à plus d’un kilomètre de profondeur. Jacques Pironon, directeur du laboratoire GéoRessources de l’Université de Lorraine, a souligné sur France Bleu que les modèles d’exploitation traditionnels devront être réinventés pour extraire cette ressource, sans oublier l’élaboration d’un modèle d’industrie fiable. Mais la ressource est là, prête à être exploitée…
La FDE envisage déjà des applications concrètes pour cette découverte. La société prévoit de fournir l’hydrogène blanc au projet de pipeline MosaHyc, qui reliera l’Allemagne à la région Grand Est pour alimenter les industriels. Encore faut-il pouvoir extraire cette ressource sans attenter à l’environnement : il y a encore beaucoup de travail à faire.