Le député Pellerin consomme de la cocaïne en toute impunité
Député des Hauts-de-Seine de la majorité présidentielle, l’avocat Emmanuel Pellerin a consommé de la cocaïne avant et après son élection à l’Assemblée en juin dernier, d’après une enquête de Mediapart. Confronté à nos éléments, il a reconnu cet usage illégal. Saisie en septembre dernier, la justice n’avait pourtant pas souhaité enquêter.
Peut-on siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, en tant que membre d’une majorité au discours particulièrement répressif contre les drogues, tout en consommant soi-même des produits stupéfiants ? Le groupe Renaissance du président Emmanuel Macron va devoir répondre à cette question éminemment politique.
Selon la loi, l’usage de la cocaïne est en France un délit passible d’un an d’emprisonnement et de 3.750 euros d’amende.”

À plusieurs reprises, Emmanuel Pellerin a insisté sur l’absence de toute consommation pendant ou après les élections législatives, au printemps dernier. « Les gens qui vous disent que je me suis drogué postérieurement à la campagne, c’est faux », a-t-il notamment affirmé. Et de répéter : « Je ne prends plus de drogue depuis ma campagne […] Je ne suis pas un élu de la République qui se drogue. »
Mais, confronté à nos éléments, le député a ensuite changé de version, reconnaissant avoir pris des substances après sa victoire au second tour des législatives, le 19 juin 2022. « J’ai repris de la drogue le week-end où on a fêté mon investiture au mois de juillet et après c’était terminé », a-t-il fini par admettre, affirmant avoir tout arrêté le « 23 juillet ».
Pour l’exécutif, la question de la drogue est un sujet prioritaire. En octobre 2022, Emmanuel Macron a même annoncé, dans une interview sur France 2, que la « lutte contre les stupéfiants » devait être l’un de ses « deux grands combats » des cinq années à venir, au même titre que la « lutte contre les violences faites aux femmes », qui était déjà la grande cause du quinquennat précédent.
Le sujet est également un moyen d’attaquer l’opposition. Régulièrement, le député Louis Boyard (La France insoumise) est critiqué pour avoir déclaré, en 2021, qu’il avait vendu du cannabis pour payer ses études.

« Le premier responsable, c’est le consommateur. S’il n’y avait pas de consommateurs, il n’y aurait pas de trafics », a dénoncé le premier flic de France, sur le plateau de France 3 Provence-Alpes, en juin dernier, à l’occasion d’une visite à Marseille.
Une enquête judiciaire a en effet été ouverte par le parquet de Nanterre le 9 septembre 2022, sur la base notamment de déclarations du fils d’Emmanuel Pellerin, âgé de 11 ans, racontant que son père – élu à l’Assemblée nationale, donc – lui avait présenté, fin juillet, une boîte contenant des produits stupéfiants. Destinataire des déclarations de l’enfant, sa psychologue avait transmis une « information préoccupante » (dispositif d’alerte pour un mineur en danger) exposant cette situation.
« La psychologue m’a reçu pour m’informer qu’elle faisait un signalement, sans prendre en compte mes explications », dénonce Emmanuel Pellerin à Mediapart, dénigrant au passage le travail de cette « jeune psy ». Le député semble ignorer que la psychologue en question a justement travaillé, avant de s’installer en libéral, auprès d’un tribunal…
Surtout, une particularité interroge dans le déroulé de l’enquête, conduite par la brigade territoriale de protection de la famille (BPF) des Hauts-de-Seine : le député mis en cause n’a même pas été auditionné. Questionné, le parquet de Nanterre n’a pas répondu sur cette absence.
Dans d’autres cas pourtant, la justice se montre beaucoup moins indulgente. Exemple en décembre 2022, quand le même parquet de Nanterre a décidé de placer en garde à vue, pendant près de 24 heures, Haiten, un jeune de 17 ans, contrôlé dans un quartier de Suresnes, pour « usage de stupéfiant ». Il avait en sa possession 0,55 gramme de cannabis. Contrôlé avec 3,25 grammes de shit, dans une cité de Clichy, Sofiane, 34 ans, sans profession, a lui écopé d’un rappel à la loi, décidé par le parquet de Nanterre également, en janvier 2021.