Il y a Camille, 10 ans, interdite de combattre contre des garçons à la lutte pour des motifs religieux. Omar Tabich, arbitre qui entend un spectateur le qualifier de « sale Arabe » lors d’un match où il officie. Ou encore Marc
, violé dans les vestiaires de son club de rugby parce qu’homosexuel. Publié ce jeudi, « Le livre noir du sport » (Plon), écrit par le vice-président chargé des Sports de la région Ile-de-France (Libres !) Patrick Karam et la journaliste Magali Lacroze, raconte leur histoire et dresse un état des lieux des travers qui rongent le sport en France.
L’ouvrage sort alors qu’une partie de ces sujets ont été évoqués dans l’actualité ces derniers mois. Les violences sexuelles, revenues au premier plan avec le témoignage de l’ancienne patineuse Sarah Abitbol en début d’année et dans le viseur du ministère des Sports. Le racisme, « peu ou pas présent » dans le football selon le président de la Fédération française, Noël Le Graët. Autant de points balayés par le livre, dont Le Parisien publie en exclusivité plusieurs témoignages.
Laëtitia Pachoud : «Le hall des urgences»
Le président s’approche d’elle. Laëtitia (NDLR : Pachoud, vice-présidente de la Fédération française de rugby) nous raconte la scène.
« C’est chaque fois pareil, vous savez : quand on arrive dans les clubs avec cette casquette-là, on n’est pas vraiment les bienvenus… Ça, non, ils ne nous attendent pas avec le sourire et la raclette ! » Nerveux. Mal à l’aise. Fermés, constate Laëtitia. Encore mortifiés par ce qu’ils viennent d’apprendre. La plainte d’une jeune fille de 15 ans, déposée contre l’entraîneur phare. Une plainte pour viol.
« Pas lui ! Ça ne peut pas être lui ! On le connaît depuis toujours ! »
Quelques jours plus tôt, l’entraîneur avait organisé une soirée privée chez lui avec les jeunes joueurs de son équipe de rugby. « Ce soir chez moi, les gars, traînez pas sous la douche ! » Explosion de joie dans le vestiaire. Comme sur le terrain cet après-midi-là, quand ils avaient arraché la victoire à l’autre équipe.
Ainsi démarra la « troisième mi-temps », qui sonne la fin des combats. La camaraderie, la détente. L’alcool aussi. Souvent, beaucoup d’alcool. Un moment de fête, une récompense, après la lutte acharnée sur le terrain. Ce soir-là, l’un des joueurs se rend chez l’entraîneur avec sa petite amie. L’adolescente connaît bien la troupe, elle vient souvent chercher son amoureux après les entraînements, assiste aux matchs le week-end.