Marseille : A la cité de la Cayolle, un réseau de stups “familial” géré depuis la prison
Dix-sept personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel de Marseille, dont cinq d’une même famille. La liste des “invités” donnerait presque à penser qu’il s’agit là d’une grande réunion de famille. Mais c’est devant la 7e chambre du tribunal correctionnel de Marseille, que Méhédine Tran Huon, sa grand-mère, sa tante, son cousin et son ex compagne se retrouvent, depuis le 11 mai.
Considéré par les enquêteurs comme “le gérant du trafic (de stupéfiants) de la cité de la Cayolle”(9e), l’homme de 24 ans est soupçonné d’avoir, en 2020, tenu le réseau d’une main de fer, depuis sa cellule de la maison d’arrêt de Grasse. Seize autres personnes comparaissent à ses côtés pour “transport, détention, offre, acquisition non autorisés de stupéfiants”, “association de malfaiteurs” mais aussi “blanchiment” et “détention d’arme” pour deux d’entre eux.

Il dirigeait son point de vente de stupéfiants depuis sa cellule: 12 ans de prison ont été requis, lundi, contre Méhédine Tran Huon, décrit par l’accusation comme le «grand patron du réseau de la Cayolle», haut-lieu du trafic de drogue à Marseille. Cet homme de 24 ans, en prison depuis six ans, est jugé depuis le 11 mai devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et blanchiment. Seize autres prévenus comparaissent à ses côtés pour avoir fait fonctionner le réseau.
« Le charbon, ça tourne »
Équipé de plusieurs téléphones, dans sa cellule de la prison de Grasse (Alpes-Maritimes), celui qui se surnommait «le guitariste» animait le compte Snapchat du réseau baptisé «La Cayolle Coffee», via lequel il recrutait des clients, allant jusqu’à les guider lorsqu’ils approchaient de cette cité du sud de Marseille située aux portes du Parc national des Calanques. «Il gère tout à distance: le marketing mais aussi les ressources humaines, les approvisionnements, la comptabilité, mais il ne met pas les mains dans le cambouis. Il n’a pas touché les stupéfiants, pas touché les armes. Il est à l’abri, en détention», a insisté la procureure, Anaïs Leborgne, qui a également requis une amende de 50.000 euros.
« 60 000 euros par semaine »
Avec un bénéfice estimé à 60.000 euros par semaine uniquement sur les ventes de cocaïne, «le réseau de La Cayolle a une place dans le paysage du narcobanditisme marseillais dont on a vu les ravages qu’il provoque ce week-end», a précisé la magistrate, évoquant le triple assassinat dimanche à l’aube dans la cité phocéenne, un drame s’inscrivant vraisemblablement dans la guerre opposant deux groupes criminels sur fond de stupéfiants. À l’audience, Méhédine Tran Huon a expliqué au tribunal avoir repris le réseau que dirigeait son oncle, décédé en 2019, afin de régler une dette de 50.000 euros de celui-ci, sans que l’on sache si cet argent était dû à des fournisseurs ou à son associé Louis Rodriguez. Ce dernier a été abattu le 15 mai 2020, victime d’un règlement de comptes à 24 ans.
« Il gère tout à distance : le marketing mais aussi les ressources humaines, les approvisionnements, la comptabilité, mais il ne met pas les mains dans le cambouis. Il n’a pas touché les stupéfiants, pas touché les armes. Il est à l’abri, en détention », a insisté la procureure, Anaïs Leborgne, qui a également requis une amende de 50 000 euros.
Avec un bénéfice estimé à 60 000 euros par semaine uniquement sur les ventes de cocaïne, « le réseau de La Cayolle a une place dans le paysage du narcobanditisme marseillais dont on a vu les ravages qu’il provoque ce week-end », a précisé la magistrate, évoquant le triple assassinat dimanche à l’aube dans la Cité phocéenne, un drame s’inscrivant vraisemblablement dans la guerre opposant deux groupes criminels sur fond de stupéfiants.
À l’audience, Méhédine Tran Huon a expliqué au tribunal avoir repris le réseau que dirigeait son oncle, décédé en 2019, afin de régler une dette de 50 000 euros de celui-ci, sans que l’on sache si cet argent était dû à des fournisseurs ou à son associé Louis Rodriguez. Ce dernier a été abattu le 15 mai 2020, victime d’un règlement de comptes à 24 ans.
Même la grand-mère
La procureure a balayé l’idée d’une contrainte qui aurait fait de Méhédine Tran Huon un chef de réseau malgré lui. Pour faire fonctionner le réseau à distance, Méhédine Tran Huon avait battu le rappel de ses amis d’enfance de La Cayolle et des membres de sa famille. L’appartement de sa grand-mère, âgée de 70 ans, servait ainsi au stockage, au conditionnement, à la comptabilité et éventuellement de lieu de repli.
« Ce n’est pas juste la grand-mère qui a laissé faire », a noté Leborgne, qui a requis trois ans de prison dont deux ans avec sursis contre la prévenue septuagénaire. Méhédine Tran Huon comptait aussi sur sa sœur et son neveu, alors âgé de 14 ans, mais aussi son ex-compagne et un cousin, tous parmi les prévenus.
La procureure a balayé l’idée d’une contrainte qui aurait fait de Méhédine Tran Huon un chef de réseau malgré lui: «Aucune pression n’apparaît sur les écoutes téléphoniques», a précisé la procureure, notant que le trafic avait perduré une fois la dette remboursée. Pour faire fonctionner le réseau à distance, Méhédine Tran Huon avait battu le rappel de ses amis d’enfance de La Cayolle et des membres de sa famille. L’appartement de sa grand-mère, âgée de 70 ans, servait ainsi au stockage, au conditionnement, à la comptabilité et éventuellement de lieu de repli.
«Ce n’est pas juste la grand-mère qui a laissé faire», a noté Mme Leborgne, qui a requis trois ans de prison dont deux ans avec sursis contre la prévenue septuagénaire. Méhédine Tran Huon comptait aussi sur sa soeur et son neveu, alors âgé de 14 ans, mais aussi son ex-compagne et un cousin, tous parmi les prévenus. Douze ans de prison et une amende de 50.000 euros ont également été requis contre Emile Rodriguez, frère de Louis Rodriguez, qui a pris la fuite et contre lequel l’accusation a réclamé un mandat d’arrêt.
Celui-ci avait repris le réseau à la mort de son frère, notant «avec froideur, +le charbon, ça tourne…+», comme l’a souligné la procureure. Des condamnations allant de huit mois à neuf ans de prison ont été requises contre les autres acteurs du réseau, gérants de terrain, approvisionneurs, comptable, «nourrice» d’armes. Tous rendaient compte quasiment en temps réel à Méhédine Tran Huon, en prison, d’où il organisait les convois pour aller chercher la drogue en gros dans d’autres cités marseillaises.