Marseille : radioscopie d’un désastre sécuritaire par Xavier Raufer

Drogue, gangs, habitants pris en otages, police impuissante … Dans la cité phocéenne, l’État semble incapable d’assurer la sécurité des habitants

MARSEILLE : la zone de guerre (Les pires quartiers ou cités, sur une quarantaine au total ; chacune a de 3 à 4 supermarchés de la drogue, nommés “Plans” ou “Fours”).

• Périphérie

3e arrondissement : Belle-de-Mai, Félix-Pyat, La Villette,

10e : La Capelette, la Sauvagère,

• Fief criminel et zone de guerre proprement dite

14e : La Busserine, Font-Vert, Les Flamants, Le Mail, Les Micocouliers (“Les Micou”), Les Marronniers, La Paternelle (“La Pater”), haut & bas, ” Maga” & “Yoda” ; Saint-Barthélémy,

15e : Bassens, Consolat, Le Castellas, Campagne-Lévêque, Kallisté, Les Aygalades, La Maurelette, Les Tourmarines.

• L’exception

16e : La Castellane – Six « fours » au moins – total contrôle criminel ; appareil d’autodéfense quasi-parfait ; nul gang n’ose s’y frotter ; zéro fusillade… la police et la justice s’y cassent les dents.

DANS LA ZONE DE GUERRE : guetteurs omniprésents, barrages filtrants, chicanes et points de contrôle. “À 17h, les gens s’enferment chez eux” … (Un député local) “L’État est parti et les Narcos ont pris la place… Où est Darmanin” ? À Castellas (15e) “un gros impact de balle perfore la vitrine de la boulangerie”.

LES HABITANTS DE LA ZONE DE GUERRE : “La police les chasse mais ils reviennent aussitôt… Ce n’est pas des règlements de comptes que l’on vit, mais des attentats… C’est la guerre, et de pire en pire”… “Le trafic se porte toujours à merveille… Les cités grouillent d’armes…”… “les enfants voient des flaques de sang, des armes dans les couloirs, ils ne dorment plus la nuit”…

LA DROGUE : preuve d’un “pilonnage” futile, la cocaïne est toujours plus disponible, pure et moins chère. Dans la rue, de 2012 à 2022, son taux de pureté a bondi de 46 % à 72 %.

LES GANGS DE LA ZONE DE GUERRE se fichent éperdument de la police-Darmanin (Un témoin direct) “Après une fusillade nocturne, les tireurs récupèrent leurs douilles au sol, à la lumière de leurs portables…”. Filmés par les tueurs, les homicides tournent sur les réseaux sociaux – loi du silence égale zéro renseignement. Un bandit est-il arrêté ? Hilare, il se paie la fiole du policier : “Je fais le chouf pour payer le loyer de ma maman… Ma femme est enceinte”…

QUI CES HABITANTS-OTAGES CRAIGNENT-ILS VRAIMENT ? : Ni M. Dupond-Moretti et ses prisons-bidon ; ni M. Darmanin, perdu dans le médiatique-virtuel – j’expédie la CRS 8 en mode Robocop pour le journal de 20 h. et la retire ensuite en douce, à 3h du matin… Les habitants ont peur des caïds qui enlèvent, torturent et tuent. À Félix-Pyat (3e), un ado vend un peu de hasch à son compte. Happé par la narco-milice locale, attaché sur une chaise, il est lynché et torturé durant 24h. Cigarettes écrasées sur le torse, brûlures au chalumeau. Sorti de l’hôpital, il gardera 40 cicatrices sur tout le corps : rien de mieux pour la discipline et l’omerta.

UNE POLICE DÉSARMÉE ? Pas tant que ça. Sans renseignement humain, elle dispose sur la ville de ± 1 700 caméras de vidéosurveillance (à 20 000 € l’unité) ; dispositif hors-de-prix : location du réseau de fibres optiques, ±6,5 millions d’€/an ; entretien, 2,8 millions d’€/an. Combien de caméras couvrent vraiment la zone de guerre – là où vraiment, elles sont utiles ? Secret d’État. À la Police judiciaire locale “Une saisine d’homicide par semaine”, un “terrible sentiment d’impuissance”. Une avocate pénaliste : “Le gouvernement perd pied”…

Pendant que MM. Macron, Darmanin et Dupond-Moretti s’agitent en vain, le chaos marseillais métastase. Comme des ronds dans l’eau, ce chaos gagne d’abord les abords de la ville (Port-de-Bouc, Châteauneuf-les-Martigues) ; puis les zones-hors-contrôle du Midi : Nice : (Les Moulins), Aix-en-Provence (Encagnane, la Pinette), Avignon (Monclar), Cavaillon (Dr. Ayme), Arles (Griffeuilles), Montpellier (Montasinos). Enfin, la France entière : Nantes (Malakoff), Rennes (Maurepas). Des rafales de Kalach’, désormais, à la frontière du Luxembourg (Villerupt). La CRS 8 n’a pas fini de voir du pays…

Bienvenue dans la favela française, où quand même, l’opinion s’agace. Dans Le Figaro du 4 avril passé, ce sondage : “Ces dernières semaines, êtes-vous plus ou moins confiant en la capacité du gouvernement à assurer la sécurité des Français ?” MOINS confiants, 74 %.

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