Moselle (57) : Un couple de magrébins jugé pour avoir assassiné un retraité à qui il avait acheté en viager (Màj : Bagarre générale dans le tribunal entre les familles des accusés, plusieurs blessés)
Le procès à Metz (Moselle) du couple accusé d’avoir assassiné un octogénaire après avoir acquis son appartement en viager, tourne mardi 5 septembre 2023 à la rixe entre les familles. Deux blessés dont la mère de la coaccusée qui devait témoigner ont été évacués par les pompiers.
Les familles de Abderrahim Ghelouci et Meriem Bouasla accusés de l’assassinat de Michel Voltz, l’octogénaire qui leur avait vendu un appartement en viager se sont croisées à l’extérieur de la salle de la Cour d’Assises de la Moselle. Dans la salle des témoins précisément.
Des coups sont partis de tous les côtés.” – Un témoin de la rixe
Selon le témoignage de notre journaliste Valentin Piovesan présent à l’audience, des cris se sont fait entendre vers 16H00 pendant le rapport d’expertise de l’experte psychologue. Un agent de sécurité est sorti de la salle pour voir ce qu’il se passait puis est revenu l’uniforme et les mains ensanglantés. Les familles des accusés regroupées dans la salle des témoins en sont venues aux mains.

La rixe a fait trois blessés : le frère d’Abderrahim Ghelouci touché à l’arcade sourcilière, le père de Meriem Bouasla aurait le bras cassé. Quant à la mère elle a été violemment frappée à la tête et selon des témoins, piétinée. Cette dernière devait être appelée à la barre pour témoigner. Les trois victimes ont été évacuées vers les hôpitaux de Legouest et de Mercy.
La Cour a sous estimé le danger selon la défense de Meriem Bouasla
Maître Tomasini avocate de Meriem Bouasla a regretté le fait que la Cour ait sous estimé le danger occasionné par la rencontre des deux familles dans un même lieu alors que, toujours selon elle, des menaces avaient déjà été proférées à l’encontre de la famille de sa cliente. De son côté, Maître Samia Boudiba l’avocate d’Abderrahim Ghelouci estime qu’il faut rester prudent et attendre les résultats de l’enquête pour connaître les circonstances exactes de cet incident. Les défenseurs s’accordent au moins sur un point : ils n’ont jamais connu un tel évènement au cours de leurs carrières respectives. L’audience a été suspendue le temps de calmer les esprits et a pu reprendre son cours normal.

Les voisins de Michel Voltz, ancien greffier du tribunal de Nancy à la retraite, âgé de 82 ans et vivant à Faulquemont (Moselle), avaient signalé sa disparition le 16 juillet 2020.
“Gourou” et usurpation d’identité : en Moselle, l’avidité d’un couple et le meurtre d’un octogénaire
Le 5 septembre prochain, la cour d’assises de Metz devra juger un couple de Lorrains accusés d’avoir assassiné Michel Voltz, un octogénaire sans histoires, avec qui ils avaient conclu une transaction immobilière quelques années plus tôt. Malgré les éléments à charge, l’homme nie toujours le meurtre et sa femme affirme avoir agi sous la contrainte de son mari.
Un homme « discret et solitaire ». C’est ainsi que les riverains du quartier de la rue des Lilas, à Faulquemont (Moselle), décrivent leur voisin Michel Voltz. L’octogénaire s’était installé dans la commune, au sein d’un petit pavillon tranquille, en mai 2017. Sans permis de conduire, il se trouvait isolé. Les habitants avaient pris l’habitude de voir déambuler ce papy aux yeux clairs encore solide pour ses 82 ans, entre la pharmacie et le Super U, cramponné à son caddie. Pour ses rendez-vous médicaux, Michel V. empruntait le bus ou réservait un taxi
Personne ne lui connaissait ni femme, ni enfant ou famille. Tout au plus savait-on qu’il avait exercé la profession de greffier auprès du tribunal judiciaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Parfois, ses larges lunettes vissées sur le nez, il donnait des coups de main administratifs dans le quartier. Peu causant, Michel Voltz s’était tout de même lié d’amitié avec ses voisins directs, Antoine et Bernadette, qui l’invitaient régulièrement à déjeuner les dimanches. À part eux, Michel Voltz ne voyait ni ne recevait jamais personne. Et en cas d’absence prolongée, le vieil homme les prévenait toujours.
Un appel troublant
Le 18 juillet 2020, vers 18 heures, alors qu’elle prépare le dîner, Bernadette reçoit un appel d’un certain « Abraham Abderrahim » qui se présente comme « un ami » de Michel Voltz Au téléphone, celui-ci lui indique que l’octogénaire, « possiblement atteint de la Covid-19, est hospitalisé en Allemagne ». Aussi l’a-t-il « chargé de les prévenir » et de prendre de leurs nouvelles, précisant qu’en cette période de pandémie mondiale, leur voisin « s’inquiète de leur état de santé ».
Rendez-vous est pris dans la soirée. L’homme, âgé d’une trentaine d’années, arrive rue des Lilas accompagné de sa femme, Meriem, et de leurs deux enfants en bas âge. Au couple de voisins, « Abraham » raconte comment Michel Voltz se serait « pris d’affection pour sa famille » au point d’être « devenu le parrain des petits ». L’homme explique que Michel Voltz, « en colère de n’avoir pu être pris en charge aux urgences, en France, s’est fait accompagner en Allemagne par une femme qu’il fréquente ». Il évoque aussi un possible « départ en maison de retraite » et que dans l’intervalle, l’octogénaire l’a « chargé de faire le ménage » dans son pavillon. C’est la raison pour laquelle il est en possession des clés de l’habitation.
Depuis la voiture, Meriem acquiesce de la tête. Bernadette est aussi surprise de leur existence dans la vie de son voisin que du départ précipité de ce dernier. Inquiète de voir les volets de son pavillon clos depuis le 15 juillet, elle a déjà prévenu les gendarmes plus tôt dans la journée. Le lendemain de la visite du couple à son domicile, Bernadette rappelle la brigade de Faulquemont, qui ouvre une enquête pour disparition inquiétante. Convoqué par les forces de l’ordre, Abderrahim Ghelouci – de son vrai nom – explique avoir fait la connaissance de Michel Voltz en 2016 à l’occasion de l’achat, en viager, pour 490 euros par mois, d’un appartement proche de Saint-Avold que possédait le vieil homme. Aux gendarmes, Abderrahim Ghelouci livre la même version au sujet du départ de son « ami » pour raisons de santé.
Abus de faiblesse et élevage de chèvres
Rapidement, l’enquête préliminaire va mettre les gendarmes sur une tout autre piste. Dans le quartier, personne n’a jamais vu le disparu en compagnie d’Abderrahim Ghelouci et de sa femme. Les recherches auprès des hôpitaux et d’établissements de santé allemands ne donnent rien. La perquisition au domicile de Michel Voltz permet de trouver dans le réfrigérateur une salade de tomate prête à être consommée, laissant penser à un départ involontaire. Quant à l’ordinateur et au téléphone portable de Michel Voltz, ils sont, eux, introuvables.
De leur côté, les investigations téléphoniques ne prouvent aucun contact entre le couple et le disparu, avant et pendant le confinement. Dans les papiers de l’octogénaire, rangés de manière méticuleuse, les enquêteurs découvrent une lettre de Meriem Ghelouci. Annonçant la naissance de leur fille – déjà âgée d’un an, à la date de l’envoi – elle lui expliquait la notion de viager occupé, lui demandant par là même… le pavillon de Faulquemont. En parallèle, une procédure diligentée par la brigade d’Ornex (Ain) mettant en cause Abderrahim Ghelouci remonte aux enquêteurs : en 2016, une femme avait porté plainte contre lui, l’accusant d’avoir abusé de sa faiblesse afin d’obtenir la vente en viager de trois appartements.
Placé en garde à vue le 16 septembre 2020, le couple Ghelouci va, au fil des découvertes des enquêteurs, se fracturer doucement. Abderrahim, qui continue de nier toute implication dans la disparition de Michel Voltz, est dans l’impossibilité de donner des précisions sur son emploi du temps entre le 15 et le 17 juillet. De son côté, Meriem ne peut expliquer le déclenchement des relais téléphoniques de Faulquemont, le 15 juillet, entre 17 h 53 et 20 h 46. Plus étrange : le couple a acquis, le 30 juin, un terrain à Dalhain, commune située à une vingtaine de kilomètres du domicile de Michel Voltz, sur lequel ils ont fait faire des travaux dans l’urgence, contactant en ce sens de nombreux artisans. Un paysagiste du coin déclare ainsi aux enquêteurs s’être « déplacé sur le terrain » où il a rencontré le mis en examen, le 15 juillet, qui s’est présenté à lui comme « cadre dans un hôpital à Luxembourg ». Il déclare avoir « creusé un trou, destiné à y enterrer une cuve pour les chèvres » que Ghelouci lui avait confié vouloir élever.
Soumise ou manipulatrice ?
Le 12 novembre 2020, sur le terrain à Dalhain, au fond de la fosse, à environ 2,60 mètres de la surface, les enquêteurs découvrent le corps de Michel Voltz en état de putréfaction avancée et en partie carbonisé. Devant le juge d’instruction, Abderrahim Ghelouci s’est depuis mué dans le silence. Sa femme Meriem est, elle, au contraire, de plus en plus bavarde : c’est son mari qui a tué l’octogénaire dans le but de « prendre son identité pour vivre dans son pavillon » afin de louer l’appartement de Saint-Avold. Du plan macabre de son époux, elle a tout dit aussi : des repérages pour connaître les habitudes de Michel Voltz aux actes préparatoires, en passant par le meurtre du pauvre homme. Si elle s’est retrouvée dans cette folie, c’est « contrainte et forcée », insiste-t-elle.
Depuis le début de sa mise en examen pour assassinat, Meriem Ghelouci accuse son mari de violences conjugales. Pour assurer sa défense, elle a même pris une des meilleures en la matière : maître Nathalie Tomasini, l’avocate de Jacqueline Sauvage. D’ailleurs, le père de l’intéressée a affirmé que pour lui, sa fille était « soumise à 100 % à son mari » qu’il considérait « comme un gourou ».
Renvoyée malgré tout, devant la cour d’assises de la Moselle, aux côtés de son époux pour assassinat, Meriem Ghelouci devra s’expliquer sur son implication dans la préparation des faits et leur exécution : les nombreuses recherches effectuées depuis son téléphone portable pour trouver un paysagiste implanté à proximité de Dalhain, les SMS d’encouragements envoyés à son mari alors que la fosse était en cours de réalisation et la ou les virées à Faulquemont pour connaître les habitudes du disparu. Enfin, surveillée, elle a contacté depuis son lieu de détention, deux des frères de son mari pour leur demander de témoigner en sa faveur, notamment pour insister sur le fait qu’elle vivait sous l’emprise d’Abderrahim Ghelouci et que ce dernier l’avait déjà frappée. Mensonge ? Vérité étouffée ? Stratégie de défense ? Son destin dépend désormais de l’intime conviction des jurés. Verdict le 8 septembre.
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Abderrahim Ghelouci et sa femme, Meriem, savaient que Michel Voltz, ancien greffier du tribunal de Nancy à la retraite, était seul, isolé, sans femme, sans enfants ni famille. Ces informations, ils avaient eu l’occasion de les prendre en 2016 lorsqu’ils avaient acheté en viager à l’homme de 82 ans un appartement à L’Hôpital (Moselle), ville proche de Saint-Avold, pour 500 euros par mois. Cela en faisait-il la proie idéale pour leur plan macabre ? Accusés d’avoir tué le malheureux retraité puis de l’avoir enterré dans un champ, ils sont jugés à partir de ce mardi 5 septembre.
Le 16 juillet 2020, Meriem Ghelouci, 26 ans, « fait le guet », rue des Lilas à Faulquemont, devant le pavillon où Michel Voltz a emménagé en 2017, pendant que son mari, Abderrahim, 44 ans, à l’intérieur, donne la mort à l’octogénaire en l’étranglant « avec un foulard, un Serflex et à l’aide d’une balle insérée au fond de sa gorge », comme elle l’a expliqué au juge d’instruction. « Ça a éclaté de sang, tout bleu. »[…]
De son côté, Abderrahim Ghelouci, abasourdi par les déclarations de sa femme, s’est muré dans un silence dont il n’est toujours pas sorti. L’enquête a permis d’exhumer une procédure diligentée par la brigade d’Ornex (Ain) le mettant en cause et qui ne joue pas en sa faveur : en 2016, une femme a porté plainte contre lui, l’accusant d’avoir abusé de sa faiblesse afin d’obtenir la vente en viager de trois appartements. Son casier judiciaire comporte 14 condamnations pour des faux, abus de confiance, escroqueries et autres usurpations d’identité dont il paraît coutumier.
Celui de Meriem ne comporte aucune mention. Si elle a déclaré à l’enquêteur de personnalité avoir vécu « sous l’emprise d’un mari brutal envers elle et les enfants, qui l’a séparée de sa famille depuis cinq ans », l’expertise psychiatrique ne retient pas cette hypothèse, considérant l’accusée comme « capable de duperie et de manipulation ».[…]