Mousab, réfugié syrien à Metz : « Ma dignité en a pris un coup »
Mousab Alhamadee, 42 ans, a fui son pays, la Syrie, fin 2013, après des prises de position contre le régime. Réfugié en Turquie, aux Pays-Bas ou aux États-Unis, il a rejoint Nancy, puis Metz, en 2022. L’écrivain et traducteur y a désormais retrouvé la stabilité. Voici son histoire.

Mousab est à la fois chercheur, écrivain, traducteur, journaliste, mari et père. Installé à Metz, dans le quartier de Borny, depuis un an, le Syrien se reconstruit petit à petit avec sa femme et ses deux filles. Car Mousab est un homme qui a souffert, qui a vu l’horreur, qui a été déraciné comme des millions d’autres. Né en 1981 à Apamée (ouest du pays), le quadragénaire était professeur d’anglais avant le début de la guerre, en 2011. « J’ai perdu mon travail pendant la guerre parce que j’étais recherché par le régime et les groupes extrémistes à cause de mes prises de position. J’ai été témoin de nombreux bombardements, d’atrocités. Depuis, je fais des cauchemars toutes les nuits », raconte-t-il dans un français encore un peu hésitant.
Il part pour l’Europe en 2019
En 2013, Mousab est enlevé par un groupe armé lié au régime, qui l’enferme. Le même jour, il réussit à s’échapper.
Il part pour les États-Unis et travaille comme stagiaire à l’Institut international pour la paix et la sécurité à Washington DC. De retour en Syrie, il continue son rôle d’activiste contre le régime. En novembre de la même année, on lui conseille de quitter son pays. L’âme en peine, avec sa famille, il entre – légalement – en Turquie, comme beaucoup d’autres Syriens. Mais en 2019, il doit à nouveau quitter son pays d’adoption, figurant sur une liste de personnalités à assassiner, publiée par l’État islamique. Mousab prend alors le chemin de l’Europe, sans passeport en poche, mais avec un visa.
De Lyon, il part aux Pays-Bas, puis rejoint Nancy en 2021 (des amis lui payent un hôtel), et enfin Metz. Nous sommes en janvier 2022. Les services de l’immigration lui proposent un logement dans la capitale mosellane. « J‘étais très content. J’avais déjà visité Metz et j’étais tombé amoureux de cette ville. » Il arrive au foyer Perigot , qui ne fut pas la plus belle des expériences. « Mon bonheur s’est évaporé en un instant. L’endroit était un bâtiment isolé à l’entrée nord de Metz, coincé entre une autoroute et la voie ferrée. La chambre, sans fenêtre, était poussiéreuse et insalubre. Je devais vivre avec des cafards. » Ses voisins de chambre sont Albanais pour la plupart.
« Un parcours du combattant »
Aujourd’hui, Mousab profite de la ville de Metz. Ses filles de 13 et 7 ans sont scolarisées à Borny, où la famille a pris ses quartiers dans un logement social. Mousab aimerait travailler, mais dans l’attente de son titre de réfugié politique, ce n’est pas chose aisée. « Obtenir des papiers est un parcours du combattant. Ma dignité en a pris un coup. » L’homme fréquente la médiathèque, aime la Moselle qui coule, le musée de la Cour d’Or…
À Metz, il fréquente la communauté syrienne, mais s’assure que ses nouveaux amis sont, comme lui, contre le régime de Bachar al-Assad. Sa ville natale, un site archéologique en Syrie, lui manque, il ne le cache pas. Et espère secrètement y retourner un jour… quand tout ça, sera terminé. Car Mousab est plein d’espoir et d’optimisme.