Nice (06): Un instituteur en garde à vue après avoir placé un « paillassou » représentant Emmanuel Macron sur une voie de chemin de fer

Thomas Gesthem, un professeur des écoles membre du Snuipp FSU dans les Alpes-Maritimes, est une figure locale connue pour son «paillassou», un pantin d’Emmanuel Macron qu’il fait valser dans les airs lors des manifestations.

Le «paillassou», un pantin à l’effigie d’Emmanuel Macron, est de toutes les manifestations à Nice contre la réforme des retraites. Posée sur une toile blanche, la figure présidentielle est propulsée dans les airs au milieu des marcheurs, ravis la plupart du temps de voir le pantin s’écraser pitoyablement sur le macadam. À la manœuvre : Thomas Gesthem, un professeur des écoles, membre du Snuipp FSU dans les Alpes-Maritimes.

Mercredi 22 mars, ce dernier est allé un peu trop loin dans la provocation, à l’occasion du blocage de la gare de Nice par quelques centaines de syndicalistes. Sur les rails, il avait alors placé son «paillassou» d’Emmanuel Macron devant une rame de TGV à l’arrêt. Si le geste avait bien provoqué la liesse des manifestants présents, il n’a pas du tout fait rire la préfecture. De fait, une plainte a rapidement été déposée au nom de l’État, à la suite de cette mise en scène considérée comme «macabre».

Lundi, l’instituteur a été convoqué en audition libre au commissariat et placé en garde à vue. Pendant plus de 7 heures, il a dû s’expliquer sur les faits d’«outrage à personne dépositaire de l’autorité publique et provocation publique à la commission de crime ou délit sans intention». Au terme de son audition, il a pu repartir libre, bien que son domicile ait également été perquisitionné.

« Un acte d’une grande banalité »

Tradition du carnaval de Nice, le «paillassou» est d’ordinaire un mannequin de paille à l’intérieur duquel son propriétaire enferme tous ses tracas. Et c’est en faisant valser le pantin avec un drap qu’il s’en libère. Une forme de catharsis folklorique reprise à sa sauce par Thomas Gesthem dès 2018, lors du mouvement des gilets jaunes.

Par voie de communiqué, l’intersyndicale maralpine dénonce «avec force cette dérive judiciaire face à un acte d’une grande banalité». Les syndicats, qui apportent d’une seule voix toute leur solidarité à l’égard du mis en cause, estiment que le «paillassou» ne serait que «le symbole de la liberté d’expression». Et de poursuivre : «Ces méthodes d’intimidation ont été appliquées dans d’autres villes de France : elles sont intolérables et inacceptables.»

«Comme disait Nicolas Sarkozy en 2006 (alors ministre de l’Intérieur, NDLR) ”à tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure”», conclut le communiqué.

Le Figaro