On en est où avec le site néonazi Démocratie participative ?

EXTRÊME DROITE Des centaines d’élus et de citoyens ainsi que des dizaines de mairies ont signalé avoir reçu ces tracts néonazis depuis la fin du mois de mai

  • Des centaines d’élus et de citoyens ainsi que des dizaines de mairies ont signalé avoir reçu ces tracts néonazis depuis la fin du mois de mai, relatent nos confrères de Libération ce lundi.
  • A l’origine de ces messages flanqués aux quatre coins de la croix gammée et ornée d’un aigle du IIIe Reich, un site Internet, DemPart pour Démocratie participative. Mais de quoi s’agit-il exactement ? 
  • 20 Minutes fait le point alors que le site d’extrême droite a déjà été condamné pour des propos négationnistes, racistes, homophobes et antisémites.

« Message à nos compatriotes de race blanche. » C’est ainsi que débutent les tracts envoyés dans des boîtes aux lettres d’une commune proche de Dijon, début juillet. Mais le problème remonte au printemps. Des centaines d’élus et de citoyens ainsi que des dizaines de mairies ont signalé avoir reçu ces tracts néonazis depuis la fin du mois de mai, relatent nos confrères de Libération ce lundi.

A l’origine de ces messages, un site Internet hébergé aux Etats-Unis : DemPart pour Démocratie participative. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Quelle est cette histoire de tracts ? 20 Minutes s’est penché pour vous sur la question.

De quels tracts parle-t-on ?

Ces tracts néonazis, flanqués aux quatre coins de la croix gammée et ornée d’un aigle du IIIe Reich, ont été envoyés à des citoyens, des élus et des mairies. Ils appellent « l’homme blanc » à les rejoindre afin de « rétablir la domination de la race blanche ». Il est possible de télécharger le tract sur DemPart, qui conseille d’ailleurs de le diffuser en pleine nuit, la tête masquée, les mains gantées, en dehors de son département pour « rendre la tâche plus difficile » pour les policiers et de laisser « impérativement » son téléphone chez soi.

Les messages néonazis ont aussi circulé numériquement. « Plus de 160 élus nationaux » ainsi qu’« une centaine de maires » ont reçu ces tracts par mail, explique à Libération l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine (OCLCH).

Qu’est-ce que Démocratie participative ?

DemPart pour Démocratie participative est un site Internet. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, il ne promeut pas les référendums populaires. Le site d’extrême droite a été condamné à de multiples reprises pour des propos négationnistes, racistes, homophobes et antisémites. Il appelle notamment à soutenir le négationniste français Vincent Reynouard, arrêté le 10 novembre 2022 en Ecosse après de multiples condamnations par la justice française. Avec sa banderole qui clame « Guerre raciale totale ! », le site est particulièrement virulent, même à l’échelle de la fachosphère.

Pourquoi est-il toujours en ligne ?

Cela fait longtemps que DemPart est dans le colimateur des autorités. Dès 2018, la justice avait demandé de bloquer le site néonazi. Ouvertement raciste, sexiste et homophobe, il a été officiellement bloqué par la justice française fin novembre 2019. Sans succès. Le site, hébergé aux Etats-Unis, change régulièrement de nom de domaine et l’URL.

Notre journaliste, Hakima Bounemoura, expliquait il y a près de quatre ans que le site ne cessait de réapparaître. « C’est le jeu du chat et de la souris », lui expliquait alors Clément Genty, chercheur spécialisé dans la valorisation des noms de domaine. Des années plus tard, DemPart a changé plusieurs fois d’hébergeur et d’adresse URL, mais il est toujours là. Google ne l’a toujours pas déréférencé, il suffit d’écrire son nom pour qu’il apparaisse comme premier résultat.

Quelles sont les suites judiciaires ?

Début juillet, une enquête a été ouverte après la découverte d’une kyrielle de ces tracts dans la ville de Genlis, près de Dijon. Mais ce n’est pas la première investigation. Le pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH) a ouvert dès le 1er juin une enquête après la publication le 12 mai de ce tract, dans un article intitulé « Imprimez notre dernier tract ! Département d’éveil racial du peuple ».

L’enquête vise la provocation publique à la violence, à la haine, à la discrimination à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race, une religion, ainsi que la provocation directe non suivie d’effet à commettre une atteinte à la vie ou l’intégrité physique aggravée.

TOUT COMPRENDRE AUX DISCRIMINATIONS

La complicité a également été retenue pour les deux infractions. Les investigations ont été confiées à l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine. La publication de ce tract avait été signalée à la justice par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) le 30 mai.

20 minutes