Paris : Gigantesque trafic de passes Navigo démantelé, 45.000 titres de transports vendus par des Égyptiens à 18,80 euros au lieu de 75,20
Chaque année, entre 10 000 et 15 000 passes Navigo étaient ainsi obtenus, selon l’enquête. Et même sans doute plus. Les enquêteurs du département de lutte contre la criminalité organisée (DCO) sont remontés seulement jusqu’à l’année 2019. « Avant cette date, c’était sans doute déjà le cas, glisse une source proche du dossier. On a même un passe frauduleux datant de 2011. »

Le principe de l’arnaque ? Ce tarif à 18,80 euros existait bel et bien. Il était réservé aux voyageurs les plus démunis. On pouvait en bénéficier, en fonction de ses ressources, auprès de l’Agence Solidarité Transport. Pour cela, il fallait évidemment présenter certains documents comme la complémentaire santé solidaire (CSS, ex-CMU) délivrée par l’Assurance maladie, une attestation de Pôle emploi délivrée aux chômeurs titulaires de la solidarité spécifique ou encore aux bénéficiaires du RSA. Bref, le réseau s’occupait de vous trouver tous ces papiers et de vous obtenir ce tarif exceptionnel.
L’enquête débute en mars dernier. Les enquêteurs spécialisés dans la criminalité organisée remarquent sur les réseaux sociaux des « bons plans » qui les intriguent. Ces annonces, écrites en français ou en arabe, proposent des passes Navigo à prix cassé. Il suffit d’appeler un numéro de téléphone et de payer 150 euros.
Lentement, les enquêteurs identifient les membres du réseau. Le trafic est si lucratif que l’un des trafiquants décide, en catimini, de se lancer lui-même dans le business. Quatre hommes, tous de nationalité égyptienne, sont finalement confondus. Le coup de filet a lieu en fin de semaine dernière. Les deux organisateurs présumés sont interpellés à leurs domiciles de Romainville (Seine-Saint-Denis). Deux intermédiaires, dont celui qui avait créé son propre réseau, sont également arrêtés à Paris (XXe) et à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
Les bénéfices auraient été transférés en Égypte
D’après nos informations, les deux organisateurs présumés auraient reconnu lors des 96 heures de garde à vue que plusieurs dizaines de milliers de passes frauduleux étaient vendus chaque année. Le bénéfice annuel pour le réseau se situerait entre 1,5 et 2,2 millions d’euros. L’argent aurait été blanchi sur les comptes de sociétés bidons avant d’être transféré en Égypte.