Perpignan (66) : Mise en examen de Salim (le père), de Chérif (l’oncle) et de la grand-mère d’Imran, le corps de l’enfant assassiné a été retrouvé à moitié congelé
Ce samedi 16 septembre 2023, le père du petit garçon retrouvé sans vie deux jours auparavant a été présenté devant le juge des libertés et de la détention. Dans la nuit, il a finalement été placé en détention provisoire.
Après la découverte du corps sans vie et en partie congelé du petit Imran, 7 ans, le 14 septembre dernier, trois personnes, son père, un de ses oncles et sa grand-mère paternelle, ont été placées en garde à vue. À l’issue de leur audition, tous trois ont été déférés ce samedi 16 septembre tandis qu’une information judiciaire était ouverte par le parquet de Perpignan.

Le père, Salim B. 28 ans, a été mis en examen pour le meurtre de son fils et la tentative de meurtre sur ses deux filles cadettes, hospitalisées avec des traces de traumatismes multiples. L’homme a été présenté à un juge des libertés et de la détention qui a décidé de l’écrouer conformément à ce qu’avait sollicité le parquet. Il devait être placé à l’isolement ce dimanche matin étant considéré comme un détenu “médiatique”.
Son frère, Chérif B., 33 ans, et sa mère, 61 ans, ont également été mis en examen pour non-dénonciation de crime, en l’occurrence le meurtre du petit garçon. Ils ont été laissés libres mais placés sous contrôle judiciaire.
Les investigations, confiées à l’antenne de la police judiciaire de Perpignan, se poursuivent pour tenter de faire toute la lumière sur cette affaire sordide, dans l’attente de l’autopsie de l’enfant qui doit être pratiquée ce lundi 18 septembre au matin.
Un soutien psychologique a été mis en place “au bénéfice de la mère des enfants et de leur grand-mère maternelle”, précise Jean-David Cavaillé dans son communiqué.
Meurtre sur mineur de 15 ans
Le père d’Imran est poursuivi pour “meurtre sur mineur de 15 ans”, en l’espèce de son fils. En outre, il est accusé d’avoir fait usage “de faux documents administratifs ayant pour but de procurer l’impunité à l’auteur d’un crime”.
Une demande de placement en détention provisoire à son encontre a été déposée.
Tentative de meurtre sur ses deux filles
Âgées de presque quatre et cinq ans, Lila et Houria ont passé quelques examens médicaux durant la garde à vue. Les deux fillettes “font état de multiples lésions sur le corps et la face”, indique le procureur de la République à Perpignan dans un communiqué de presse.
Leur père est aussi accusé de “tentative de meurtre sur mineures de 15 ans”. Pour ces faits, “la peine maximale encourue est la réclusion criminelle à perpétuité”, souligne le procureur de la République.
La découverte de la mort tragique du petit Imran, 7 ans, retrouvé ce jeudi 14 septembre, au domicile de son père dans le quartier du Bas-Vernet à Perpignan, tient au réflexe remarquable d’une employée des pompes funèbres.
Le 14 septembre, il est 16 heures 30, quand Sabrina, une employée d’une entreprise de pompes funèbres de Perpignan alerte les services de police. Elle a un doute sur la demande d’un homme, Salim B., qui vient à peine de partir de son bureau. Le père de famille s’est présenté à 16 heures pour demander des renseignements sur la levée de corps de son fils décédé.
“Il m’a dit que son petit garçon était mort deux jours plus tôt et m’a présenté une attestation de décès signée par un médecin. Mais il n’avait pas le certificat nécessaire à la prise en charge du corps. Il a dit qu’il ne le retrouvait pas et qu’il l’avait peut-être déchiré de tristesse”, se souvient Sabrina.
Une attestation de décès douteuse
Pour effectuer la démarche, ce certificat en trois volets établi par un médecin, l’un pour les pompes funèbres, le second pour la mairie et le dernier pour la chambre funéraire, est obligatoire. Sabrina contacte aussitôt tous les services concernés pour vérifier : “J’ai appelé l’état civil, ils n’avaient rien. Personne n’était au courant du décès. Puis j’ai téléphoné au médecin qui avait signé l’attestation que le père m’a présentée”. Mais ce dernier est formel : il n’a jamais signé ce document, encore moins pour constater la mort d’un enfant ces derniers jours.
“Tout ça mis bout à bout, j’ai compris que le document était falsifié, que le certificat n’existait pas et que le décès n’avait jamais été déclaré. Déjà, ça m’avait perturbée qu’il ait gardé le corps à domicile pendant deux jours avec la chaleur qu’il faisait. Ça m’a mis le doute. Sans les papiers je ne pouvais toucher au corps de cet enfant, mais je ne pouvais pas le laisser comme ça, dans un appartement. Donc j’ai écourté l’entretien avec lui et j’ai eu le réflexe d’appeler la police”, retrace l’employée. C’est après l’appel de Sabrina que les forces de l’ordre se rendent au domicile de Salim B., avenue Roudayre, et y découvrent l’horreur : le corps sans vie, en partie congelé de l’enfant gît dans la baignoire.
Faux et usage de faux
“Ma réaction a sans doute sauvé la vie de deux petites filles. Parce qu’on ne sait pas ce qui se serait passé si personne n’était intervenu”, frissonne Sabrina. “Jamais de ma carrière je n’avais vu ça, et j’espère que je ne verrai plus jamais d’autres drames comme celui-là”.
Outre le “meurtre” de son fils et la “tentative de meurtre” sur ses deux petites filles, Salim B. est poursuivi pour “faux et usage de faux document administratif ayant pour but de procurer l’impunité à l’auteur d’un crime”, concernant cette attestation de décès frauduleuse.
Soupçonné du meurtre de son petit garçon retrouvé mort le 14 septembre dernier, le père, Salim B. devait être placé en détention provisoire ce samedi 16 septembre 2023, tard dans la soirée, après son défèrement. L’oncle et la grand-mère, sont quant à eux poursuivis pour non-dénonciation de crime. Dans l’attente de la suite des investigations sur une affaire qui s’avère aussi complexe qu’épouvantable.
La scène de crime apparaît si sordide qu’une cellule psychologique a dû être ouverte pour les policiers perpignanais qui ont dû intervenir sur place. Le jeudi 14 septembre, après avoir été alertées par Sabrina, une employée des pompes funèbres, les forces de l’ordre arrivent au 30 avenue Emile-Roudayre, dans le quartier du Bas-Vernet à Perpignan. Dans un appartement de la résidence des Peupliers, au 4e étage, ils découvrent l’indicible : un petit garçon de 7 ans, Imran, gît sans vie dans la baignoire, une partie du corps congelé, couvert de traces de coups.
Le père, Salim B. 28 ans, avait été immédiatement interpellé, tandis que deux fillettes âgées de 3 et 4 ans étaient admises à l’hôpital, présentant de multiples hématomes. L’une a des dents cassées, alors que l’autre a le visage totalement tuméfié. Le lien avait été établi rapidement : les deux petites filles, toujours hospitalisées à ce jour sans que leur pronostic vital ne soit engagé, et qui n’ont pas encore pu être entendues sur les faits, sont les sœurs d’Imran. Elles auraient été conduites aux urgences par leur grand-mère paternelle. Cette dernière aurait expliqué que Salim B. lui aurait amené jeudi en fin de journée les fillettes dont une “à moitié morte et inconsciente”, avant de lui avouer qu’il avait tué le petit garçon. Elle avait ensuite contacté son autre fils Chérif B. pour qu’il l’accompagne à l’hôpital et lui avait raconté le drame.
Des contradictions dans les déclarations
Dans la foulée, tous trois ont été placés en garde à vue et déférés à l’issue de leurs auditions, ce samedi 16 septembre tandis que le procureur annonçait l’ouverture d’une information judiciaire. Les suspects sont arrivés au palais de justice de Perpignan à 16 heures, sous escorte policière, avant de disparaître rapidement derrière les portes du sas de sécurité.
Le père des enfants est soupçonné du meurtre du petit Imran, de la tentative de meurtre de ses filles Lila et Houria, mais également de faux et usage de faux document administratif. Son frère, âgé de 33 ans et sa mère de 61 ans, sont quant à eux poursuivis pour non-dénonciation de crime. Il leur serait reproché de ne pas avoir contacté immédiatement la police après avoir été informé de la mort du petit garçon. Par ailleurs, des contradictions auraient été relevées dans leurs déclarations. Ce samedi, ils ont tous les trois été présentés au juge des libertés et de la détention.
“Aucun affect, aucune empathie”
D’après nos informations, Salim B. aurait fait des déclarations “fantaisistes”, et aurait nié l’ensemble des faits qui lui sont reprochés : il aurait même accusé ses proches d’avoir tué l’enfant pour lui faire du mal, et aurait raconté que les petites filles se seraient blessées toutes seules en tombant ou en se cognant. Des explications qui ne semblent pas convaincre les enquêteurs, qui peinent à comprendre le mobile de ce crime abominable.
Les investigations devraient désormais consister à préciser les circonstances dans lesquelles les violences ont été exercées mais également l’élément déclencheur. Pour ce, tous les voisins devraient être entendus, diverses expertises devraient être menées, notamment l’autopsie d’Imran, prévue ce lundi 18 septembre au matin, mais aussi une expertise psychiatrique du principal mis en cause. Salim B. et la mère des enfants s’étaient rencontrés en 2016. Il avait alors reconnu son fils aîné, Imran, dont il n’était pas le géniteur. Deux fillettes sont ensuite nées de cette union. Puis le couple s’était séparé il y a quelques mois. Depuis lors le père de famille vivait seul avec les trois petits. Imran souffrant d’un handicap notamment moteur était suivi par un institut de Perpignan. Aucun absentéisme n’aurait été relevé dans le courant de l’an dernier, concernant les deux fillettes scolarisées à l’école du quartier. Néanmoins, après fait leur rentrée normalement, elles ne seraient plus allées en classe depuis une dizaine de jours avant les faits.
Derrière ce quotidien apparemment ordinaire, Salim B. aurait tué son fils pour un motif encore inconnu, plusieurs jours, voire une semaine, avant la découverte. Il l’aurait ensuite placé dans un congélateur, avant de ressortir le petit corps afin que les pompes funèbres le prennent en charge pour l’inhumer en Algérie. Il est par ailleurs décrit comme “toxicomane et agressif”. Sans activité professionnelle, défavorablement connu des services de police et de la justice, pour des faits liés aux stupéfiants et à la violence, il serait “sans affect” et “sans aucune empathie”, confie-t-on, “et il ne fait même pas semblant”.
Merci à Papa Damalgam