Pourquoi les accidents vasculaires cérébraux frappent plus sévèrement les minorités

Cette étude, américaine, est centrée sur les différences de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) selon les différents groupes de population, avec un moindre accès aux traitements adaptés pour les minorités. Des conclusions, publiées dans la revue Stroke, qui peuvent être élargies et inspirer les politiques et les Agences de santé de tous pays. Des stratégies de grande envergure restent en effet nécessaires pour éliminer les inégalités ethniques et communautaires dans les soins de l’AVC.

Il s’agit d’une déclaration scientifique de l’American Heart Association (AHA)/American Stroke Association (ASA) basée sur une revue de la littérature sur les disparités dans les soins de l’AVC et les résultats de santé, post-AVC, en fonction des communautés ou des minorités.

L’AVC est une maladie de disparités, avec d’énormes inégalités raciales et ethniques en termes d’incidence, de prévalence, de traitement et de résultats. La littérature qui s’accumule sur la relation entre l’AVC et les déterminants sociaux de la santé (c’est-à-dire les conditions structurelles des lieux où les gens vivent, apprennent, travaillent et s’amusent) contribue à notre compréhension des inégalités liées à l’AVC. 

Plusieurs interventions ont été testées simultanément pour réduire les inégalités raciales et ethniques dans la préparation, les soins, le rétablissement et le contrôle des facteurs de risque. Il est regrettable qu’aucun cadre théorique commun n’ait été utilisé pour faciliter la comparaison des interventions. Dans cette déclaration scientifique, nous résumons, à travers le continuum de soins de l’AVC, les essais d’interventions portant sur les inégalités raciales et ethniques dans les soins et les résultats de l’AVC. Nous avons examiné la littérature sur les interventions visant à lutter contre les inégalités raciales et ethniques afin d’identifier les lacunes et les domaines de recherche future. 

Bien que de nombreux essais aient testé des interventions visant à réduire les inégalités dans les soins préhospitaliers, les soins aigus, les transitions dans les soins et le contrôle des facteurs de risque post-AVC, peu ont abordé les inégalités dans la réadaptation, le rétablissement et la réintégration sociale. La plupart des études portaient sur les déterminants immédiats (p. ex., l’adhésion aux médicaments, la littératie en santé et les comportements liés à la santé), mais les déterminants en amont (p. ex., le racisme structurel, le logement, le revenu, la sécurité alimentaire, l’accès aux soins) n’étaient pas abordés. Un modèle théorique commun des déterminants sociaux peut aider les chercheurs à comprendre l’hétérogénéité des déterminants sociaux, éclairer les orientations futures de la recherche sur les inégalités liées à l’AVC, soutenir la recherche dans les domaines sous-étudiés du continuum de soins,

L’étude, un examen des dernières recherches publiées sur le sujet, aboutit à une première conclusion : peu d’études à ce jour, ont été publiées sur le sujet, soit sur l’impact des déterminants sociaux, dont les niveaux de privation ou d’études ou encore l’appartenance à une minorité sur l’incidence, la qualité des soins et les résultats des AVC. Cependant, en dépit du manque de données, la déclaration propose une première synthèse des interventions visant à lutter contre les disparités de prise en charge l’AVC.

Tous les patients victimes d’AVC n’ont pas un accès rapide aux traitements.

Quelles causes des inégalités de soins de l’AVC ? Si l’AVC affecte de manière disproportionnée les communautés les plus démunies, pour des raisons de mode de vie, d’accès aux soins, mais aussi d’éducation de santé, la discrimination vis-à-vis des minorités ethniques, les conditions de vie difficiles et l’insuffisance structurelle d’accès aux soins de santé, l’absence de droits de certains groupes de migrants contribuent à leur tour de manière majeure à de moins bons résultats de prise en charge. Comme ces groupes de population sont historiquement exclus ou largement sous-représentés dans les essais cliniques sur les AVC, il est difficile d’identifier l’ensemble des mécanismes, y compris biologiques qui peuvent expliquer ces moins bons résultats.

Un accès rapide au traitement s’impose : dans l’AVC, en effet, la rapidité de prise en charge donc un accès direct aux soins de santé s’imposent. Ainsi, pour réduire les effets durables d’un AVC causé par un caillot sanguin, soit le type d’AVC le plus courant, un médicament pour dissoudre le caillot doit être administré dans les 3 heures suivant l’apparition des premiers symptômes. L’élimination mécanique du caillot ou thérapie endovasculaire doit également être menée dans les 24 heures, de préférence.  

« Le temps est vital pour le traitement de l’AVC, cependant, les patients issus de minorités ayant un moindre accès aux services et aux soins de santé,  sont moins susceptibles de se rendre aux urgences dans le délai imparti pour recevoir ces interventions critiques », résume l’auteur principal, le Dr Amytis Towfighi de l’University of Southern California. De plus, ajoute le chercheur, il existe des inégalités ethniques persistantes dans le contrôle des facteurs de risque post-AVC, il n’existe pas d’interventions permettant d’atténuer les disparités.

Que nous apprend la littérature ? La plupart des études examinées portaient sur des facteurs individuels au niveau du patient, tels que l’éducation en santé, la préparation à la survenue d’un AVC, l’observance des traitements et les facteurs de mode de vie. Peu d’études ont abordé les facteurs sociaux tels que les inégalités de santé structurelles ou d’accès aux soins, ou encore la privation, l’assurance santé, le type de logement, la sécurité de l’environnement, l’accès à des aliments sains ou le statut d’emploi. Cependant, les quelques études qui prennent en compte les déterminants sociaux confirment « un racisme systémique » qui appelle à des interventions en amont avec l’engagement des systèmes de soins de santé à mieux desservir les minorités sociales et ethniques.

Les soignants ont un rôle clé à jouer : quelques études suggèrent que l’attention des professionnels de santé à la préparation des patients à risque aux AVC et à leur accès aux interventions de réadaptation, que l’attention des aides sociaux à la réintégration sociale de ces patients, pourraient changer la donne.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur l’ensemble du continuum de soins de l’AVC pour comprendre comment mieux lutter contre les inégalités communautaires et ethniques dans la prise en charge de l’AVC. Ces communautés négligées devraient être mieux intégrées aux essais. Des interventions communautaires en partenariat avec les hôpitaux devraient être mises en œuvre.

« Il existe d’énormes inégalités dans les soins de l’AVC, qui entraînent des disparités dans les résultats fonctionnels. Alors que la recherche s’est historiquement concentrée sur la description de ces inégalités, il est aujourd’hui urgent de développer et de tester des interventions pour y remédier ».

AHA Journals