Retraite : Les derniers “tirailleurs sénégalais” pourront toucher leur minimum vieillesse sans quitter leur pays d’origine
Une quarantaine d’anciens tirailleurs d’origine sénégalaise, malienne ou mauritanienne, pourront vivre dans leur pays tout en percevant leur minimum vieillesse. Ils avaient encore l’obligation de résider la moitié de l’année en France pour toucher cette pension.
C’est la fin d’une longue bataille administrative. Selon les informations recueillies par franceinfo ce mercredi 4 janvier, la quarantaine de tirailleurs recensés par l’Office national des anciens combattants pourront vivre dans leur pays d’origine tout en percevant le minimum vieillesse. Ils étaient dans l’obligation jusque-là de résider en France la moitié de l’année, dans des conditions parfois précaires.

Sur une quarantaine de vétérans, âgés de plus de 90 ans et ayant combattu essentiellement en Indochine et en Algérie, une « vingtaine de dossiers » ont d’ores et déjà été validés « à ce stade », a pu confirmer le ministère des Solidarités à franceinfo. Tous binationaux, ils sont d’origine sénégalaise, malienne et mauritanienne.
Des allers-retours incessants en France
Jusqu’à présent, ils devaient résider six mois par an en France pour percevoir leur minimum vieillesse de 950 euros mensuels. Pour l’heure, seul le minimum vieillesse est concerné par cette « mesure de tolérance ». Mais l’Association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais, qui porte ce dossier depuis des années, réclame que les tirailleurs puissent percevoir également les allocations de la CAF, la Caisse d’allocations familiales, ou leur pension d’invalidité depuis leur pays d’origine.
Entre 1939 et 1945, plus de 300.000 Africains issus des colonies de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française (AEF) ont combattu pour la France. Parmi eux, près de 150.000 hommes ont été incorporés, parfois de force, dans le corps des tirailleurs sénégalais. Ce mercredi sort d’ailleurs dans les salles le film Tirailleurs, avec Omar Sy, qui raconte justement l’histoire de ces tirailleurs sénégalais pendant la Première Guerre mondiale.
Cette avancée n’est pas sans rappeler un précédent datant de près de 15 ans. Pour la sortie du film en 2006 Indigènes, le président de la République de l’époque, Jacques Chirac, avait, dans la même veine, harmonisé les pensions des anciens combattants coloniaux : 56.700 vétérans étaient concernés dans plus de vingt pays.
« Mieux vaut tard que jamais »
Un film du réalisateur Mathieu Valdepied consacré à la mémoire de ces soldats africains, Tirailleurs, sort justement ce mercredi 4 janvier dans les salles de cinéma. Portépar les acteurs Omar Sy et Alassane Diong, il raconte l’histoire d’un père et de son fils peuls enrôlés par l’armée afin de combattre pour la France, en 1917. « Aujourd’hui c’est réglé, on en est très heureux », a réagi l’acteur sur le plateau du JT de 13h de France 2. Et d’ajouter : « Mieux vaut tard que jamais ».
Nés dans les anciennes colonies françaises en Afrique et enrôlés pour combattre au côté des troupes françaises dans les différents conflits où Paris était engagée, ces tirailleurs étaient jusqu’alors obligés de vivre au moins six mois de l’année dans l’Hexagone pour percevoir leur pension. Depuis des années, ils luttaient pour pouvoir finir leur vie dans leur pays d’origine, aux côtés de leur famille.
Seul le minimum vieillesse concerné pour le moment
Le minimum vieillesse de 950 euros est la seule allocation concernée par cette « mesure de tolérance » pour le moment, toujours selon franceinfo. L’Association pour la mémoire des tirailleurs sénégalais réclame toutefois que les tirailleurs puissent également percevoir la CAF ou leur pension d’invalidité depuis leur pays d’origine.
C’est Napoléon qui a créé ce corps de l’armée, la « force noire » dont les membres sont appelés « tirailleurs » de manière générique, en 1857 au Sénégal. Entre 1939 et 1945, plus de 300 000 Africains issus des colonies de l’Afrique occidentale française (AOF) et de l’Afrique équatoriale française (AEF) ont combattu pour la France. Parmi eux, près de 150 000 hommes ont été incorporés, parfois de force, dans le corps des tirailleurs sénégalais.