Saint-Waast-la-Vallée (59) : Un verdict « sans précédent », selon SOS Racisme, 25 ans de prison pour Ludovic, le meurtrier de Karim El Barni (Màj)
05/02/2023
La cour d’assises du Nord, à Douai, a condamné Ludovic L. à 25 ans de réclusion criminelle pour un meurtre à caractère raciste.
C’était l’un des enjeux du procès. Les jurés de la cour d’assises du Nord, à Douai, ont reconnu, vendredi, le caractère raciste du meurtre de Karim El Barni, abattu de deux coups de chevrotine, le 12 janvier 2018, dans la commune de Saint-Waast-la-Vallée, près de Valenciennes. Avec cette circonstance aggravante, l’accusé, Ludovic L., a été condamné à 25 ans de rétention criminelle.
Dans cette affaire, l’enquête avait révélé que ce dernier avait appelé plusieurs de ses proches dans les minutes suivant le meurtre et tenu des propos racistes pour expliquer son geste. Les deux hommes avaient l’habitude de se côtoyer, mais leur dernière rencontre a dégénéré sur fond d’alcool, selon l’accusé qui n’a cessé d’évoquer un tir accidentel, lors du procès.
« Signal bienvenu »
Dans un communiqué, SOS Racisme, qui était partie civile aux côtés de la famille de Karim El Barni, évoque une condamnation qui « envoie un signal bienvenu ». « C’est un verdict d’une fermeté sans précédent », selon Me Guillaume Traynard, l’avocat de l’association lors du procès.
Après la condamnation en appel, en octobre, du meurtrier de Saïd El Barkaoui à 20 ans de réclusion criminelle pour meurtre à caractère raciste, estime Dominique Sopo, président de SOS Racisme, cette nouvelle condamnation indique que la justice française prend une nouvelle fois la mesure de la dimension raciste du crime particulièrement odieux dont a été victime Karim El Barni. »
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02/02/2023
Le procès de Ludovic Ladrière, soupçonné d’avoir abattu Karim El Barni en janvier 2018 à Saint-Waast-la-Vallée, s’ouvre à partir de ce mercredi et pour une durée de trois jours devant les assises du Nord. Au terme de l’enquête, le mobile raciste du crime a été retenu par les magistrats.
Les coups de feu, tirés dans la nuit, sont venus troubler le calme qui règne d’ordinaire dans la paisible rue du vieux-chemin à Saint-Waast. C’était au soir du 12 janvier 2018, Karim El Barni succombait après avoir reçu deux décharges de chevrotine. La scène s’est jouée dans un pavillon où résidait Ludovic Ladrière, un quadragénaire qui n’était pas un ami de la victime, mais une simple « connaissance » chez laquelle il s’était rendu.

La reconstitution du meurtre avait eu lieu en octobre 2019 dans cette maison de Saint-Waast-la-Vallée où s’est joué le drame.
Les débats qui s’ouvrent ce mercredi devant les assises de Douai seront déterminants pour comprendre les raisons qui ont poussé ce quadragénaire à commettre l’irréparable. Mais il y aurait déjà une certitude, le motif du crime aurait un fondement bien particulier. En effet, Ludovic Ladrière est renvoyé pour meurtre commis en raison de la race, de l’ethnie ou de la religion. L’accusation compte bien mettre en avant des enregistrements audios où l’accusé aurait tenu des propos racistes dans la foulée de son geste.
« On a la boule au ventre »
Les faits avaient ému bien au-delà des frontières du petit village de Saint-Waast-la-Vallée, une marche blanche avait même été organisée en mémoire de Karim El Barni, marié et père de quatre enfants. Pour les proches de la victime, le climat du procès s’annonce pesant. « Ça fait déjà trois jours que ne mange pas, je n’ai pas trouvé le sommeil la nuit dernière, explique Ghariba El Barni, la sœur de Karim. J’ai la boule au ventre, on ne sait pas à quoi s’attendre, on ne sait pas ce que l’accusé va dire. Nous sommes vraiment dans l’appréhension. »

Pour autant, toute la famille et les proches de Karim El Barni promettent de venir nombreux durant les trois jours d’audience, afin de faire bloc. Et en premier lieu, sa mère. « Elle ne s’est jamais remise de la mort de son fils, c’est extrêmement difficile », poursuit Ghariba El Barni. Durant toute la durée des audiences, la famille sera assistée par leur avocat Me Vincent Demory. « On devrait aussi recevoir le soutien de SOS Racisme qui seront présents à nos côtés », ajoute la sœur de la victime.
Le mobile raciste étant une circonstance aggravante, l’accusé peut risquer une peine théorique allant jusqu’à la perpétuité. Après trois jours d’un procès intense, le verdict des jurés est attendu dans la journée de vendredi.